À propos de l’auteur
Thomas Garcia
Directeur Efficacité Énergétique chez Garcia Ingénierie Fondateur de l’ENOV
Quand on aborde le sujet de la transition énergétique, on entend souvent parler de bilan énergétique, souvent à juste titre, parfois par abus de langage. Que ce soit en copropriété de logements ou dans des bâtiments tertiaires, par obligation ou par simple démarche d’amélioration de la performance énergétique, le bilan énergétique est le début de toute démarche d’économie d’énergies.
Nous faisons souvent le parallèle entre efficacité énergétique et santé physique. Si nous voulons perdre du poids, il faut faire un régime. Et avant tout régime, il faut se peser. C’est le même principe en efficacité énergétique ! Si nous voulons faire des économies d’énergies, il faut réaliser des travaux d’amélioration. Et avant tout travaux, il faut faire un bilan énergétique.
A travers cet article, découvrez toutes les étapes d’un bilan énergétique, les tenants et aboutissants, et devenez incollable (ou presque) sur les programmes minceurs l’amélioration de la performance énergétique d’un bâtiment.
Qu’est-ce qu’un bilan énergétique ?
Pour orienter les définitions dans un contexte de performance énergétique du bâtiment, rappelons que le bilan énergétique dont nous parlons est en fait synonyme d’audit énergétique. En effet, nous parlons aussi de bilan énergétique en physique, dont la définition la plus stricte serait : « Somme des quantités d’énergie qui entrent dans un système donné et qui en sortent, calculée pour une période déterminée ». Mais rappelons qu’à l’ENOV, à travers notre master transition énergétique, nous sommes orientés et spécialisés dans le bâtiment.
Aussi, nous veillons à ne pas confondre bilan énergétique et DPE (Diagnostic de Performance Energétique). Le DPE, dispositif encadré par l’ADEME, permet de situer la performance énergétique d’un bien (tertiaire ou logement) au travers de l’attribution d’une lettre (de A à G).
En plus de situer la performance du bâtiment étudié, le bilan énergétique a pour but de recenser tous les équipements énergivores et la composition thermique des parois (recensement des isolants), et d’ainsi proposer des travaux d’économies d’énergies dans le but de réduire les consommations en kWh et en €. A travers cette étude, les gains, investissements et subventions sont clairement identifiés, permettant aux occupants d’identifier les travaux d’économies les plus pertinents, et devenant ainsi un réel outil d’aide à la décision.
Ce bilan peut-être à destination du bailleur ou des locataires, car il permet notamment d’identifier la responsabilité et les devoirs de chacun dans la réalisation des travaux. Par exemple, il est coutume que les travaux d’isolation soient pris en charge par le bailleur, et que les travaux sur les équipements de chauffage ou de climatisation soient pris en charge par les locataires. A la fin d’un bilan énergétique, le propriétaire aura une feuille de route précises sur les travaux qu’il doit envisager, idem pour le locataire. Concrètement, pour que le bilan énergétique ait du sens et de la valeur, voyons maintenant ce qui le compose.
Comment se fait un bilan énergétique ?
Un bon bilan énergétique, c’est un travail collaboratif avec le client. Pour réaliser un travail de qualité, il faudra dans un premier temps récolter un ensemble de données d’entrées. Parmi les essentielles, nous retrouvons les factures énergétiques, les plans, et tous les documents techniques pouvant être utiles à l’étude.
Une fois ces données récoltées, il faut procéder à une visite technique. Pour reprendre le parallèle avec la santé, il n’existe pas de téléconsultation lorsqu’on parle de bilan énergétique. Pour réaliser sérieusement une étude, la visite technique du bâtiment doit être réalisée en présence d’une personne sachante (technicien du bâtiment, responsable du site, etc…), et dure en moyenne une journée pleine. Nous ne repartons pas du bâtiment tant que nous n’avons pas compris sur le bout des doigts le fonctionnement thermique et énergétique du site. Nous en profitons aussi pour nous entretenir avec les occupants (copropriétaires ou locataires), afin de récolter leurs ressentis, leurs pratiques et les bonnes idées qu’ils pourraient avoir.
De retour au bureau, la phase d’étude peut alors démarrer. Plusieurs méthodologies sont possibles, de la plus light à la plus complexe, tout dépend des objectifs et du budget du maitre d’ouvrage. Nous nous attarderons sur les différents méthodes de calculs un peu plus loin dans cet article.
Après avoir calculé et cartographié les différentes consommations énergétiques, nous nous attardons sur comment améliorer la performance énergétique. Clin d’œil aux médecins, c’est la phase où nous identifions les pathologies pour ensuite prescrire les médicaments actions de performance énergétique.
Après avoir calculé les gains (en kWh, en €, en tCO2) et les investissements, il faut aussi s’attarder sur la recherche de subventions. Des incontournables CEE à MaPrimeRénov’ de l’ANAH, en passant par les aides locales spécifiques, un état des lieux complet est dressé.
Une fois les calculs terminés, le tout est mis en forme dans un rapport le plus clair possible, imagé et vulgarisé pour les non-sachants, mais tout autant technique pour les puristes. En moyenne, un rapport de bilan énergétique est composé d’une cinquantaine de pages (pouvant atteindre plusieurs centaines en fonction de la méthodologie et de la complexité du site).
Une présentation au client vient clôturer le bilan. Indispensable, cette réunion permet d’argumenter, d’exposer les calculs, et d’accompagner le client dans sa démarche de maitrise de l’énergie.
Comment se calcule le bilan énergétique ?
Comme expliqué précédemment, la partie calculatoire du bilan énergétique peut se faire de différentes façons.
Commençons par le plus simple : le bilan de puissance. Pas de logiciel spécifique requis, uniquement un tableur reprenant les règles de calcul Th-C-E-ex. Cette méthodologie repose sur le fait que l’énergie se mesure en kWh. Une puissance (kW), que multiplie une durée (h). Après avoir inventorié sur site tous les équipements énergivores et leurs périodes de fonctionnement (déclaratif des occupants), il est alors possible de calculer les consommations énergétiques.
Mais si nous voulons prendre en compte le réel fonctionnement de ces équipements, il est alors possible d’instrumenter le bilan de puissance, en déployant des compteurs des consommations électriques. Nous mesurons alors les courbes de charge, permettant notamment d’observer le fonctionnement des équipements en dehors des périodes d’occupation (le soir et le week-end). C’est ainsi que nous détectons les fameux talons de consommations !
Enfin, pour ajouter une approche thermique et énergies renouvelables, il est alors possible de réaliser son bilan énergétique grâce à un logiciel de Simulation Thermique Dynamique (STD). Que ce soit sur Pléiades, Cype, Perrenoud ou d’autres logiciels équivalents, le but est de prendre en compte l’impact de l’environnement (ombres portées, ensoleillement, etc…) sur les consommations. Il est aussi possible de simuler l’ajout de sources d’énergies renouvelables, comme des panneaux photovoltaïques ou de la géothermie.
Peu importe la méthode de calcul, le but est de modéliser les consommations théoriques du bâtiment pour ensuite « jouer » avec le bâtiment en observant son comportement après l’application de préconisations.
Le bilan énergétique est-il obligatoire, et pour quels bâtiments ?
Dans un monde parfait, il n’aurait pas fallu attendre le Grenelle de l’Environnement pour réaliser des bilans énergétiques. Mais la réalité est différente. Afin de respecter les engagements environnementaux forts pris par la France, plusieurs textes de lois ont vu le jour ces dernières années.
Commençons par celui qui est entrée dans les mœurs de tous les bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m² depuis 2019 : Le Décret Tertiaire. Que ce soit les bâtiments publics ou privés, l’obligation porte sur l’atteinte de 40% d’économies d’énergies d’ici 2030, puis 50% en 2040 et enfin 60% en 2050. En parallèle, il faut déclarer ses consommations d’énergies sur une plateforme de l’ADEME dédiée (OPERAT). Le bilan énergétique n’est en soit pas obligatoire, mais est un outil plus qu’indispensable pour atteindre ces résultats.
Toujours dans le tertiaire, l’obligation de réaliser depuis 2015 un bilan énergétique pour les entreprises de plus de 50 M€ de CA et 43 M€ de bilan, ou plus de 250 employés, ou plus de 10 TJ (soit 2.7 GWh) de consommation énergétique annuelle. C’est ce que l’on appelle l’Audit Energetique Règlementaire.
Dans les copropriétés de logements de plus de 15 ans, et ce depuis 2023, il est aujourd’hui obligatoire de réaliser un PPPT (Projet de Plan Pluriannuel de Travaux). Cette mission en regroupe trois : un DPE, un DTG (Diagnostic Technique Global) et un Bilan énergétique. Le but est de lister les travaux à réaliser dans la copropriétés, pour ensuite les lisser sur 10 ans.
Il est aussi possible d’évoquer le bilan énergétique à réaliser obligatoirement dans le cadre d’un immeuble de logement en monopropriété (ou d’une maison individuelle, pas forcément en résidence principale) classé F ou plus. Le propriétaire qui souhaiterait vendre ou continuer à louer est dans l’obligation de réaliser un bilan énergétique.
Heureusement, la prise de conscience générale, le développement des politiques RSE dans les entreprises, ou bien tout simplement la hausse des prix des énergies (électricité, gaz, fioul, etc…) font que de nombreux acteurs réalisent des bilans de puissance, alors qu’ils n’en ont pas l’obligation en tant que telle.
Qui peut mener un bilan énergétique ?
La réponse est simple : il faut être qualifié !
Qui dit obligation, dit qu’il a fallu cadrer la réalisation des bilans énergétiques.
Pour cela, il existe aujourd’hui 4 organismes certificateurs qui autorise une personne morale à réaliser un bilan énergétique dans un cadre réglementaire.
Le plus répandu de ces organismes est peut-être OPQIBI, qui délivre deux qualifications : la 19.05 pour les bâtiments tertiaires et copropriétés, et la 19.11 pour les maisons individuelles.
Nous retrouvons ensuite les organismes LNE, AFNOR ou encore I.CERT.
Peu importe l’organisme choisi, votre qualification aura la même valeur. Pour appuyer leurs expertises, certains acteurs décident même de passer par deux organismes en parallèle !
Sachez que quoi qu’il en soit, les dossiers à monter pour prétendre à ses qualifications sont longs et complexes, et analysés par des professionnels du secteur, conférant un réel gage de qualité à ces qualifications. Vous n’iriez pas prendre rendez-vous chez un médecin non diplômé ? Il en est de même pour le bilan énergétique 😉
Où s’adresser pour faire un bilan énergétique ?
Cette question est souvent posée par les propriétaires ou maitres d’ouvrages qui souhaitent améliorer la performance énergétique de leur bâtiment, mais il n’y a pas une réponse unique. En fait, tout dépend de la nature du bâtiment.
S’il s’agit d’un bilan énergétique pour un bâtiment public, le code de la commande publique imposera bien souvent de réaliser un appel d’offre. En fonction du montant des prestations, autrement appelé seuil MAPA (Marché À Procédure Adaptée), le maitre d’ouvrage est obligé de procéder à un appel d’offre. Pour les bilans énergétiques (prestation de service), ce seuil est fixé à 40 000 €HT. En dessous de ce seuil, il est possible de faire une consultation restreinte, en consultant minimum 3 bureaux d’études.
En copropriété de logements, aucune obligation d’appel d’offre, une simple mise en concurrence est recommandée. Pour cela, il existe des acteurs qualifiés d’Assistant à Maitrise d’Ouvrage (AMO) qui accompagnent les copropriétés (souvent non sachant) dans la rédaction d’un cahier des charges, la consultation des bureaux d’études, l’analyse des offres et le suivi du bilan énergétique. Nous pouvons notamment citer l’ALEC, l’Agence Locale de l’Energie et du Climat, qui accompagne au quotidien de nombreuses copropriétés.
Pour un maitre d’ouvrage privé, dans le secteur du tertiaire, qui souhaite également entamer l’amélioration de la performance énergétique de son bâtiment, aucune obligation quant à la procédure. Les grandes entreprises ont tendances à s’inspirer des pratiques de la commande publique, car c’est la garantie de bien cadrer la prestation. Autrement, il est tout simplement possible de se rendre sur l’annuaire des bureaux d’études qualifiés (notamment chez OPQIBI), en filtrant par la localité, pour ensuite contacter les bureaux d’études et mener sa consultation.
Finalement, encore une fois, il y a tout intérêt à se fier aux organismes délivrant les qualifications, car c’est un gage de qualité pour le client final.
Bilan & formation à la transition énergétique à l’ENOV
Ça y est, vous êtes incollables sur le bilan énergétique ! Enfin presque, en tout cas vous êtes en mesure d’en parle avec plus d’aisance.
Mais pour maitriser en profondeur le bilan énergétique, il est avant tout indispensable de savoir réaliser les différentes étapes décrites précédemment. À l’ENOV, à travers notre Mastère Transition Energétique et Digitale du Bâtiment, nous formons concrètement les futurs Energy Manager, notamment dans les bilans énergétiques. Si nous cumulons les bilans énergétiques réalisés par l’équipe pédagogique, c’est plus de 400 bilans énergétiques réalisés avant de créer le Mastère.
En 500h de cours, et une immersion intense en entreprise grâce à l’alternance, les apprenants de l’ENOV sont amenés à réaliser des bilans énergétiques avec toutes les méthodologies possibles et détaillés précédemment.
Si cet article ne vous a pas apporté toutes les réponses à vos questions sur les bilans énergétiques, prenez rendez-vous avec un de nos experts !Vous souhaitez relever de nouveaux challenges dans la transition énergétique ? Nos partenaires recrutent des Energy Manager capable de réaliser des bilans énergétiques, rejoignez-nous !