
À propos de l’auteur
Enell Dely
Energy Manager
Fondateur – ENOV
Le monde de l’énergie est en pleine mutation. Face à l’urgence climatique et à l’épuisement des ressources fossiles, une transformation profonde s’opère : la transition énergétique. Ce n’est pas qu’une affaire de technologies ou de réglementations, c’est un mouvement qui redéfinit nos modes de production et de consommation d’énergie, et surtout, qui appelle de nouveaux talents à chaque niveau.
Explorons ce qu’est la transition énergétique, qui sont ses acteurs d’aujourd’hui et de demain et comment la formation peut vous permettre de prendre part activement à cet immense défi.
Sommaire de l’article :
- Définition et leviers de la transition énergétique
- Les acteurs publics impulsent la transition énergétique
- Les entreprises, moteurs de l’innovation énergétique
- Les citoyens et les initiatives locales participent à la transition écologique
- Le monde de la recherche et de la formation, catalyseur de compétences
- Quels sont les métiers essentiels à la transition énergétique ?
- Comment devenir acteur de la transition énergétique ?
Définition et leviers de la transition énergétique
Pour bien saisir ce que représente la transition énergétique, il faut d’abord regarder dans le rétroviseur. Depuis plus d’un siècle, le développement de nos sociétés, en particulier dans les pays occidentaux, s’est appuyé sur une énergie abondante, tirée des ressources fossiles comme le charbon, le pétrole et le gaz. Ces sources ont alimenté notre croissance industrielle, nos transports, nos logements, notre confort, mais à un prix élevé pour la planète.
Ces énergies, en plus d’être limitées, sont les principales responsables des émissions de gaz à effet de serre, moteur du changement climatique. Elles engendrent aussi des pollutions locales qui dégradent notre qualité de vie, notamment à travers la mauvaise qualité de l’air.
La transition énergétique s’inscrit dans cette prise de conscience. Elle désigne à la fois l’évolution de notre mix énergétique au fil de l’histoire, du bois au charbon, puis au pétrole et au gaz (des énergies qui, souvent, se sont superposées plus qu’elles ne se sont remplacées) et la volonté collective, aujourd’hui, de transformer profondément nos systèmes énergétiques pour réduire leur impact écologique et bâtir un futur plus durable.

Trois leviers fondamentaux structurent cette transition :
1. La sobriété énergétique
C’est l’idée de consommer moins, mais mieux. Il ne s’agit pas de se priver, mais d’interroger nos besoins et d’éliminer le superflu. Éteindre la climatisation dans une pièce vide, éviter le gaspillage d’énergie, ou rénover son logement pour mieux l’isoler sont des gestes simples mais essentiels. La sobriété, c’est un changement de culture.
2. L’efficacité énergétique
Ici, on parle de faire autant, voire plus, avec moins d’énergie. Cela passe par des équipements performants : remplacer une chaudière ancienne par une pompe à chaleur, passer à des LED, moderniser une chaîne de production industrielle. C’est un levier technique mais très concret.
3. Le développement des énergies renouvelables (EnR)
Une fois la consommation réduite grâce à la sobriété et l’efficacité, il reste à produire cette énergie à partir de sources propres : solaire, éolienne, hydraulique, géothermie, biomasse ou biogaz. En France, les EnR représentaient 20,7 % de la consommation finale brute d’énergie en 2022 (source : SDES). L’objectif est d’atteindre 33 % d’ici 2030.
À ces trois piliers s’ajoute une dimension de plus en plus incontournable : la transition digitale des bâtiments. Le secteur du bâtiment représente 44 % de la consommation énergétique en France. Digitaliser les bâtiments, c’est collecter et exploiter les données pour mieux comprendre, piloter et réduire cette consommation. Grâce à des outils intelligents, on peut adapter la température d’un immeuble en temps réel, détecter des anomalies ou programmer des actions ciblées pour économiser l’énergie.
C’est bien cette alliance entre transition énergétique et transition digitale qui nous permet d’aller plus loin.
Voyons à présent les acteurs principaux de la transition énergétique.
Les acteurs publics impulsent la transition énergétique
L’État et les institutions nationales
L’État joue un rôle fondamental dans la transition énergétique : il fixe les grandes orientations, adopte les lois, met en place des incitations et contrôle leur application. En France, la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) de 2015 a posé un cadre ambitieux : réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, porter la part des énergies renouvelables à 32 % de la consommation finale brute d’énergie, ou encore diviser par deux la consommation d’énergie finale d’ici 2050.
L’État fixe également les grandes stratégies comme la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) ou la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE)
Des ministères comme celui de la Transition écologique, ou des entités comme la Direction Générale de l’Énergie et du Climat (DGEC), ou la Direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages (DHUP), pilotent cette stratégie.
Les collectivités territoriales
Régions, départements, intercommunalités et communes sont les bras opérationnels de l’État sur le terrain. Elles ont la responsabilité de rédiger des plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET), de rénover les bâtiments publics, de développer des mobilités douces ou encore de soutenir les projets d’énergies renouvelables. La loi DDADUE impose de nouvelles obligations fortes en termes de réduction des consommations avec des objectifs de réduction de 1,9% par an.
Notons que ces collectivités sont appuyées par le réseau ACTEE afin d’appuyer leur démarche en fournissant de l’expertise en énergie via les économes de flux.
Les acteurs et agences publiques
Des organismes comme l’ADEME (Agence de la transition écologique) accompagnent techniquement et financièrement les projets portés par les acteurs locaux. L’ADEME joue aussi un rôle de sensibilisation et de diffusion des connaissances. En 2023, elle a cofinancé près de 8 000 projets sur le territoire français.
Notons que l’état a récemment créé l’AGILE comme conseil opérationnel de la Direction de l’Immobilier de l’Etat (DIE), au service de la Politique immobilière de l’État (PIE). Le patrimoine de l’immobilier de l’Etat représente 94 millions de M² et plus de 190 000 bâtiments. L’AGILE, en très forte croissance, a pour vocation de développer, gérer et valoriser le parc domanial, en déployant son savoir-faire aujourd’hui reconnu sur l’ensemble des métiers de la chaîne immobilière, notamment en terme de valorisation d’actifs.

Les entreprises, moteurs de l’innovation énergétique
Les grands groupes de l’énergie
EDF, Engie Total Energies… Ces géants de l’énergie, longtemps centrés sur des modèles traditionnels (nucléaire, gaz, hydraulique), sont aujourd’hui pleinement engagés dans une transformation en profondeur. EDF, par exemple, ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 pour l’ensemble de ses activités.
L’entreprise investit massivement dans les énergies renouvelables, notamment l’éolien offshore, le solaire et le stockage, tout en modernisant ses infrastructures et en développant des services d’efficacité énergétique pour les collectivités et les entreprises.
Les exploitants des installations énergétiques
L’exploitation constitue le maillon central de la performance énergétique : c’est dans la gestion quotidienne des installations que se concrétisent les gains d’efficacité et les engagements de sobriété.
Elle repose sur la surveillance, la maintenance et l’optimisation des équipements – chauffage, ventilation, climatisation, éclairage, automatismes – afin d’assurer un fonctionnement continu, sûr et économique. Les exploitants, qu’ils soient issus de grands groupes comme Dalkia, Idex ou Engie Solutions, ou de structures plus spécialisées, utilisent désormais des outils numériques avancés (GTB, IoT, plateformes de supervision énergétique) pour piloter en temps réel les consommations et détecter les dérives.
Cette phase opérationnelle, longtemps perçue comme purement technique, devient aujourd’hui stratégique : elle permet non seulement de réduire les coûts et les émissions, mais aussi de garantir la performance énergétique des bâtiments.
Les cabinets de conseils et AMO
Les cabinets de conseil et les assistants à maîtrise d’ouvrage (AMO) jouent un rôle clé dans la structuration et la réussite des projets énergétiques. Leur mission consiste à accompagner les maîtres d’ouvrage – collectivités, entreprises ou bailleurs – dans la définition de leur stratégie énergétique, le choix des solutions techniques et le pilotage de leur mise en œuvre. Cela peut être via la réalisation d’audits, d’assistance à maîtrise d’ouvrage, ou encore de pilotage de travaux.
Ils assurent la cohérence entre les ambitions de transition énergétique et les réalités opérationnelles du terrain, en veillant à l’atteinte des performances promises.
Les PME et startups de la greentech
L’écosystème des startups énergétiques est en plein essor. Des entreprises comme In Sun We Trust (spécialisée dans le solaire pour les particuliers), Qarnot Computing (valorisation de la chaleur des serveurs informatiques) ou encore Ecojoko (assistant de maîtrise de l’énergie pour les foyers) apportent des solutions concrètes, innovantes et adaptées à une consommation plus responsable.
Les entreprises comme Citron®, Deepki, ou advizeo proposent des solutions de systèmes de management de l’énergie pour les grands patrimoine.
Enfin, certains acteurs comme Wattsense ou Distech ont pour objectif de démocratiser l’utilisation de GTB (Gestion Technique du Bâtiment).
Les entreprises au sens large, les acteurs d’impact
Au-delà du secteur énergétique, toutes les entreprises ont un rôle à jouer : en investissant dans l’efficacité énergétique de leurs locaux, en formant leurs collaborateurs, en adoptant des mobilités durables ou en révisant leur chaîne d’approvisionnement. Certaines mettent en place des politiques RSE très structurées, avec des objectifs de réduction d’empreinte carbone à court terme.
Les citoyens et les initiatives locales participent à la transition écologique
Les particuliers engagés, acteurs du changement
De plus en plus de citoyens s’engagent dans des démarches concrètes : réduction de leur consommation, installation de panneaux solaires, recours à des fournisseurs d’énergie verte, usage accru du vélo ou de la marche, participation à des collectifs locaux… Le citoyen n’est plus seulement consommateur, il devient consomm’acteur.
Les projets énergétiques citoyens
Partout en France, des collectifs citoyens se mobilisent pour créer leurs propres structures de production d’énergie renouvelable. Le réseau Énergie Partagée, par exemple, regroupe des centaines de projets cofinancés par des habitants, avec pour objectif de réapproprier l’énergie au niveau local.
Les associations et ONG
Greenpeace, NégaWatt, Alternatiba, les Amis de la Terre… Ces acteurs jouent un double rôle : celui d’aiguillon politique, en interpellant les décideurs, et celui de facilitateur de changement, en proposant des alternatives concrètes sur le terrain.
Le monde de la recherche et de la formation, catalyseur de compétences
La recherche au service de l’innovation
Laboratoires universitaires, instituts technologiques, centres d’essais, etc. La recherche joue un rôle moteur pour développer les technologies de demain : stockage d’énergie, optimisation des réseaux, matériaux innovants, intelligence artificielle au service de la performance énergétique …
En France, des structures comme le CEA, l’INRAE ou le CNRS sont très engagées dans les thématiques énergétiques.
Former les compétences de demain
La transition énergétique est aussi une affaire de talents. Les besoins en recrutement sont énormes : selon l’Ademe, plus de 300 000 emplois pourraient être créés dans le secteur d’ici 2030. Il est donc crucial de former des professionnels compétents, capables de piloter des projets complexes.
Quels sont les métiers essentiels à la transition énergétique ?
Les métiers de la transition énergétique
- L’energy manager
Acteur central de la performance énergétique, il analyse les consommations, identifie les leviers d’économie, conseille les décideurs. Il peut exercer en entreprise, en collectivité ou en cabinet. C’est l’équivalent du responsable énergie ou de l’ingénieur efficacité énergétique ou encore l’économe de flux. - Le chef de projet smart building
Spécialiste de la digitalisation des bâtiments, il installe des capteurs, pilote les consommations et optimise les usages via des solutions connectées. Son rôle est à la croisée de l’énergie, du digital et de la gestion de projet. On parle aussi de Chargé de déploiement IoT. - Le chargé d’affaires en énergie
Il fait le lien entre les besoins des clients et les solutions techniques. Il maîtrise l’écosystème de l’énergie et construit des offres adaptées. Ce poste, à la fois commercial et technique, est stratégique dans un secteur en mutation. - L’ingénieur conseil en énergie
Il intervient sur le terrain, mesure, simule, préconise des solutions pour améliorer l’efficacité énergétique d’un site ou d’un bâtiment. Il peut exercer sous les titres d’Auditeur énergétique, Ingénieur d’études ou Thermicien. - Le chef de projet efficacité énergétique
Il coordonne toutes les parties prenantes (clients, techniciens, bureaux d’études…) pour mener à bien les projets. Ce poste convient souvent à des profils avec 1 à 2 ans d’expérience, capables de piloter des opérations complexes.
- Le responsable d’agence
C’est un profil expérimenté qui gère une structure locale : management d’équipe, développement commercial, pilotage technique. Il combine vision stratégique et ancrage opérationnel, souvent après 5 à 10 ans d’expérience.
Ces métiers exigent un mélange d’expertise technique, de connaissances réglementaires, de capacités d’analyse de données, mais aussi et surtout de compétences relationnelles, organisationnelles et de gestion de projet ce que l’on appelle les « soft skills ». Le manque de profils qualifiés dans ces domaines est un frein majeur à la transition énergétique. C’est là que la formation joue un rôle essentiel.

Comment devenir acteur de la transition énergétique ?
Les formations à la transition énergétique
La transition énergétique, ce n’est pas seulement une affaire de technologies ou de réglementations. C’est d’abord une question de femmes et d’hommes capables d’agir, d’innover, de porter des projets concrets. Pour répondre aux enjeux environnementaux, il faut former les talents d’aujourd’hui et de demain.
C’est dans ce contexte que la formation à la transition énergétique prend tout son sens. Elle devient un véritable levier pour accompagner les transformations du secteur, offrir des débouchés solides, et surtout donner du sens à sa carrière.
Parmi les acteurs engagés dans cette dynamique, ENOV, école supérieure dédiée à la maîtrise de l’énergie, propose un accompagnement sur mesure. Que vous soyez en reconversion, en montée en compétences ou en début de parcours, ENOV forme les professionnels capables de piloter des projets concrets et durables dans les bâtiments, les collectivités ou les entreprises.L’école propose à la fois des formations courtes et pratiques, pour se spécialiser rapidement sur des thématiques précises comme les audits énergétiques, la digitalisation des bâtiments ou les réglementations (Décret Tertiaire, Décret BACS), et un programme plus complet pour aller plus loin.
Le Mastère TED : un tremplin vers les métiers d’avenir
Véritable pilier de l’offre d’ENOV, le Mastère en Transition Énergétique et Digitale des Bâtiments (TED) s’adresse à celles et ceux qui souhaitent devenir des experts ou futurs cadres dans un secteur en pleine mutation.
Ce Mastère professionnalisant, ouvert en alternance, permet de combiner théorie et mise en pratique directe en entreprise. Il s’adresse autant aux jeunes diplômés souhaitant se spécialiser, qu’aux actifs en quête de reconversion ou d’évolution.
En bref, si vous êtes sensible à l’urgence climatique, si vous avez une appétence pour l’analyse et le digital, si vous souhaitez développer des compétences techniques et humaines pour avoir un impact concret, et si vous disposez d’un niveau d’études ou d’expérience pertinent, le Mastère TED de l’ENOV est conçu pour vous permettre de devenir un acteur clé de la transition énergétique.