Secteur Éolien en France : Bilan et perspectives de cette énergie renouvelable

Composante majeure d’un mix énergétique décarboné, l’éolien est indispensable pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, lutter contre le réchauffement climatique et renforcer notre souveraineté énergétique. Face à une consommation d’électricité qui devrait augmenter de 35 % entre 2021 et 2050, le déploiement des énergies renouvelables est un levier majeur pour décarboner…

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Portrait d'un membre de l'équipe ENOV, reflétant les valeurs d'engagement et de professionnalisme

À propos de l’auteur

Vincent Constant
Ingénieur en Transition Énergétique
Directeur Général – ENOV

Un processus structuré au service de la performance énergétique

Composante majeure d’un mix énergétique décarboné, l’éolien est indispensable pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, lutter contre le réchauffement climatique et renforcer notre souveraineté énergétique.

Face à une consommation d’électricité qui devrait augmenter de 35 % entre 2021 et 2050, le déploiement des énergies renouvelables est un levier majeur pour décarboner des secteurs importants comme les transports, l’industrie et le bâtiment.

L’accélération du développement de l’éolien en mer, en particulier, représente une opportunité significative pour dynamiser le tissu industriel français, créer des milliers d’emplois locaux et améliorer notre balance commerciale. Comme toute activité humaine, elle engendre des interrogations et des enjeux, que ce soit en termes d’impact sur l’environnement marin, de cohabitation des usages, ou de visibilité depuis les côtes.

Sommaire de l’article :

Où en est l’énergie éolienne en France aujourd’hui ?

L’énergie éolienne a connu une croissance notable en France et dans le monde au cours des dernières décennies. En 2020, les énergies renouvelables représentaient 26,9 % de la consommation finale d’électricité en France. En 2023, l’éolien, terrestre et maritime, a couvert plus de 10 % de la consommation nationale annuelle d’électricité, confirmant sa position de troisième source de production française d’électricité, derrière le nucléaire et l’hydraulique.
L’objectif est même d’atteindre la deuxième place entre cette année et 2026.

Une capacité en progression, mais des défis de déploiement

Fin 2023, la puissance totale du parc éolien français s’élevait à 23,8 GW, dont 22,3 GW issus de l’éolien terrestre. En 2024, la France occupait la 3ᵉ place au sein de l’Union européenne pour la production d’électricité éolienne, derrière l’Allemagne et l’Espagne, et la 8ᵉ à l’échelle mondiale. À cette date, 9 719 éoliennes étaient en service sur le territoire métropolitain, réparties sur 2 262 parcs. Près de la moitié de cette puissance se concentrait dans deux régions : les Hauts-de-France (5 GW) et le Grand Est (3,9 GW).

L’éolien en mer, plus récent, progresse. Le premier parc offshore français, situé au large de Saint-Nazaire, a été mis en service en 2022. Fin 2024, la capacité installée en mer atteignait 1,5 GW, portée par l’entrée en service des parcs de Saint-Brieuc et Fécamp, partiellement opérationnels dès 2023. Ensemble, ces installations ont produit environ 1,5 TWh d’électricité cette même année.

Pourtant, la dynamique reste freinée. En octobre 2023, la Cour des comptes a rappelé que la France n’avait pas atteint les objectifs européens en matière d’énergies renouvelables, un cas unique dans l’Union. Les retards s’expliquent notamment par des difficultés d’accès au foncier et une acceptabilité locale de plus en plus fragile. Les délais moyens d’instruction restent longs : sept ans pour un parc terrestre, dix pour un projet en mer, soit deux fois plus que dans plusieurs pays voisins.

Un moteur économique et industriel

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L’éolien est un pilier de la réindustrialisation française et de la transition énergétique. En 2022, la filière éolienne représentait 28 266 emplois directs et indirects en France, soit une augmentation de 11 % par rapport à 2021 et plus de 40 % depuis 2019. Ces emplois sont répartis au sein d’environ 900 entreprises, allant des TPE aux grands groupes industriels, et sont fortement ancrés dans les territoires. Le développement de l’éolien en mer, avec l’installation d’usines de fabrication de composants à Saint-Nazaire, Cherbourg et Le Havre, contribue activement à cette réindustrialisation. La filière s’est même fixée pour objectif de quadrupler le nombre d’emplois d’ici 2035, visant au moins 20 000 emplois directs et indirects, et d’investir plus de 40 milliards d’euros au cours des 15 prochaines années.

Coûts et empreinte carbone : des arguments en faveur de l’éolien

Longtemps perçue comme coûteuse, l’énergie éolienne est devenue de plus en plus compétitive. Le coût de l’éolien terrestre se rapproche désormais de celui de l’électricité nucléaire (environ 60 €/MWh) et certains parcs éoliens offshore en Europe ne nécessitent même plus de subventions. Le dernier appel d’offres à Dunkerque a atteint un prix record de 44 €/MWh pour l’éolien en mer, bien inférieur aux prix du marché actuels. En 2022 et 2023, l’éolien s’est avéré un moyen efficace d’atténuer les prix de l’électricité en France, contribuant à plus de 50 % au financement du bouclier tarifaire.

En matière d’empreinte carbone, l’éolien est l’une des sources d’énergie les plus décarbonées. Selon l’ADEME, le taux d’émission d’une éolienne terrestre est de 14,1 g CO2e par kWh, et de 15,6 g CO2e par kWh pour l’éolien offshore. Ces chiffres sont bien inférieurs à ceux du solaire photovoltaïque (qui peut atteindre 43,9 g CO2e par kWh pour les panneaux fabriqués en Chine), et comparables à ceux du nucléaire (environ 6 g CO2e par kWh, bien que cette valeur ne tienne pas compte de la phase de fin de vie de l’ouvrage). La majorité de l’empreinte carbone d’une éolienne est liée à sa fabrication (plus de 65 %).

Par ailleurs, une éolienne est recyclable à environ 90 %. Des progrès sont constants, avec des projets comme ZEBRA visant à concevoir des pales 100 % recyclables, comme celles déjà commercialisées par Siemens Gamesa et utilisées dans le parc éolien offshore de Kaskazi en Allemagne. L’État français incite d’ailleurs les projets éoliens en mer à bénéficier de ces technologies 100 % recyclables.

Les impacts environnementaux sous haute surveillance

Le développement de l’éolien en mer est encadré par une réglementation stricte. Chaque projet fait l’objet d’études d’impact environnemental poussées. 

Parmi les treize types de pressions recensées, quatre sont jugées majeures

  • Les modifications d’habitats marins
  • Les nuisances sonores
  • Les émissions électromagnétiques
  • Le risque de collision

L’installation d’éoliennes peut transformer l’environnement local, notamment par l’apparition de nouveaux habitats sur les substrats durs, ce qui influe sur la biodiversité. Pour limiter les effets, des solutions comme l’ajustement du tracé des câbles sont prévues. Les bruits générés pendant les travaux, surtout lors du battage des fondations, sont atténués par des systèmes d’effarouchement visant à protéger les mammifères marins.

Nuisance sonore éolienne

Les champs électromagnétiques émis par les câbles, bien que très localisés, peuvent affecter certaines espèces sensibles. Leur enfouissement reste la réponse la plus efficace pour réduire l’exposition.
Le risque de collision, notamment pour les oiseaux et chauves-souris, est pris en compte dès la phase de planification en évitant les couloirs migratoires et en installant des dispositifs capables de ralentir ou d’arrêter les pales lors des pics d’activité. D’autres impacts potentiels, comme les hausses de température ou les pollutions chimiques, sont aujourd’hui jugés faibles grâce à des stratégies combinant évitement, réduction et compensation.

Quelles sont les perspectives de développement de l’éolien en France ?

La France affiche des ambitions fortes pour l’éolien dans sa stratégie énergétique. Le président de la République a confirmé les objectifs de la Stratégie Française pour l’Énergie et le Climat (SFEC), qui prévoit 45 GW de puissance installée en éolien en mer d’ici 2050, avec une étape intermédiaire à 18 GW en 2035. Cela représenterait entre 25 et 28 % de la production électrique nationale. Pour l’éolien terrestre, l’objectif est de doubler la production actuelle à horizon 2050, soit un total de 37 GW.

Les scénarios de développement de l’éolien en France

Pour accompagner cette montée en puissance, la filière éolienne en mer a conçu 4 scénarios de développement, chacun tenant compte des spécificités de nos façades maritimes. 


Le scénario « minimisation des coûts » mise sur l’éolien posé, plus économique et déjà maîtrisé, avec des parcs proches du littoral atlantique ou en Manche, mais pouvant soulever des enjeux paysagers. 

Le scénario « hors zones de protection environnementale » privilégie une implantation au-delà des 12 milles nautiques pour éviter les aires protégées. 

Le scénario « très loin des côtes » pousse les installations à plus de 20 milles nautiques, réduisant leur impact visuel mais reposant sur de l’éolien flottant, encore coûteux et techniquement plus complexe.

Enfin, le scénario dit « équilibre », soutenu par la filière, combine éolien posé (un tiers des projets à court terme) et flottant (deux tiers à moyen et long terme). Il cherche à répartir les parcs entre les différentes façades maritimes pour lisser la production électrique en cas de manque de vent localisé, tout en maîtrisant les coûts, limitant les impacts visuels, et préservant les zones sensibles.

Ces scénarios, bien que prospectifs, montrent la complexité du déploiement à grande échelle. Le Pacte éolien en mer, signé en 2022 entre l’État et la filière, fixe un cap clair : attribuer 2 GW par an dès cette année pour tenir les engagements de long terme.

Innovations et défis technologiques

Le secteur éolien continue d’innover pour améliorer l’efficacité et la performance des éoliennes. L’augmentation du diamètre des pales est une avancée clé, permettant de capter des vents plus faibles et de produire plus d’électricité. Les éoliennes flottantes, bien que moins matures que les éoliennes posées, représentent un potentiel important pour les côtes françaises où les profondeurs augmentent rapidement. Des projets pilotes comme Floatgen au large du Croisic démontrent la faisabilité technique et la viabilité économique de cette technologie. Le premier appel d’offres français pour l’éolien flottant, en mai 2024, a attribué un parc de 250 MW au large de Belle-Île-en-Mer à un tarif garanti compétitif.

Malgré ces avancées, des défis subsistent, notamment la nécessité de développer des infrastructures de raccordement adaptées pour les parcs éloignés des côtes. Le « pari technologique » du flottant, bien que prometteur, demande du temps pour que la filière industrielle atteigne une maturité suffisante pour les volumes prévus.

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Compétences, métiers et formations : quels besoins pour soutenir la filière ?

Le développement massif et rapide des énergies renouvelables en France, en particulier de l’éolien, représente un défi industriel et sociétal considérable. Pour atteindre les objectifs fixés, la filière a besoin de compétences très spécialisées.

Des métiers variés et en croissance

La filière éolienne crée un tissu industriel diversifié et génère des métiers de l’économie durable sur l’ensemble du territoire français. Les domaines d’emploi se répartissent sur toute la chaîne de valeur :

  • Études et développement : identification des sites, mesures des vents, analyses d’impacts (paysager, environnemental, sécurité, santé, radars, faune, flore).
  • Fabrication de composants : usines de pales, nacelles, mâts, générateurs, notamment pour l’éolien en mer.
  • Ingénierie et construction : montage juridique et financier des projets, construction des parcs et raccordement au réseau.
  • Exploitation et maintenance : surveillance, entretien et réparation des éoliennes pour garantir leur fonctionnement optimal. Ce segment représente une part importante des emplois et du chiffre d’affaires de la filière. Le recours à des systèmes de détection d’anomalies et une maintenance régulière sont essentiels pour la durabilité des installations.
  • Accompagnement et consultation : implication des élus locaux et des citoyens dans les projets, via des comités de projet, des enquêtes publiques et des financements participatifs.

Le secteur éolien prévoit de dépasser les 40 000 emplois d’ici 2030. C’est un engagement fort dans le cadre du plan France 2030 et du projet de loi « industrie verte » visant à faire de la France un leader de l’industrie verte en Europe.

Le rôle d’ENOV dans la formation des experts de demain


Pour accompagner la transition énergétique et répondre à la demande croissante de compétences, des établissements comme ENOV jouent un rôle clé. Créée par des professionnels du secteur, ENOV forme les futurs experts de l’énergie à travers des programmes ciblés comme le Mastère TED et des formations courtes spécialisées dans la transition énergétique.

L’objectif : transmettre à la fois des savoir-faire techniques, des outils méthodologiques et des compétences humaines pour agir efficacement sur les grands enjeux de sobriété et de durabilité. Nos formations couvrent des domaines essentiels : réduction des consommations sans perte de confort, audits et management de l’énergie, digitalisation des bâtiments pour mieux intégrer les énergies renouvelables, ou encore élaboration de schémas énergiecarbone.
Toujours ancrée dans le réel, notre pédagogie repose sur l’expérience du terrain et l’intervention de professionnels en activité. Elle s’inscrit également dans une démarche Low-Tech, qui favorise des solutions simples, efficaces et durables, en complément des innovations High-Tech. Optimiser le positionnement d’un parc éolien ou repenser le design des pales pour améliorer le rendement, c’est aussi ça, l’efficacité énergétique à visage humain.

L’éolien fait partie des piliers de la transition énergétique française. Malgré les freins réglementaires ou les tensions autour de l’acceptabilité, son potentiel reste considérable. Avec des objectifs ambitieux, des technologies de plus en plus performantes et une compétitivité accrue, l’éolien s’impose comme une solution incontournable pour un mix énergétique plus sobre et plus décarboné. Pour que cette ambition devienne réalité, il faut des femmes et des hommes formés, capables de piloter des projets complexes, d’optimiser les installations, de concevoir des solutions durables.
ENOV s’engage à préparer ces talents. En formant les professionnels de demain, nous contribuons à construire un avenir énergétique plus résilient, plus responsable et plus souverain. Vous l’aurez compris, n’attendez plus découvrir le monde de l’énergie !