Définition : Qu’est ce que la transition énergétique ?

La transition énergétique est une filière d’avenir, stable et porteuse, soutenue par un contexte politique, économique et environnemental favorable pour les années à venir. Elle repose sur deux piliers complémentaires et indissociables : la production d’énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Quelles sont les perspectives d’emploi dans les énergies renouvelables ?

À propos de l’auteur

Vincent Constant
Ingénieur en Transition Énergétique
Directeur Général – ENOV

La transition énergétique désigne le processus par lequel un système énergétique, traditionnellement basé sur des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), se transforme progressivement pour favoriser des sources d’énergie renouvelables et durables tout en maîtrisant les quantités d’énergies consommées

L’objectif principal est de réduire l’empreinte carbone pour répondre aux défis du changement climatique, et cela passe par améliorer l’efficacité énergétique ainsi que modifier les sources d’énergie.

Cette démarche implique un ensemble de mesures techniques, politiques, économiques et sociales pour réorganiser les modes de production, de distribution et de consommation de l’énergie, tout en garantissant une énergie accessible à tous.

Elle est au cœur des stratégies mondiales visant à limiter le réchauffement climatique, en s’inscrivant dans des accords internationaux comme l’Accord de Paris.

La transition énergétique nécessite une collaboration à l’échelle mondiale, régionale et locale, avec une mobilisation de tous les acteurs : gouvernements, entreprises, citoyens et experts.

Sommaire de l’article :

Comment définir, qu’est-ce que la Transition énergétique ?

La transition énergétique se caractérise par un changement systématique dans la manière dont l’énergie est produite, utilisée et gérée. Elle repose principalement sur trois axes : l’abandon des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique, et la réduction de l’empreinte écologique des activités humaines. 

Cette transformation touche tous les secteurs économiques, des transports à l’industrie, en passant par le secteur résidentiel, et implique une réorganisation des infrastructures énergétiques, y compris des réseaux de distribution.

Elle répond à des enjeux environnementaux, sociaux et économiques, cherchant à répondre au besoin urgent de limiter les émissions de gaz à effet de serre, tout en garantissant une transition juste pour les populations touchées par ces mutations. L’introduction d’énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie, biomasse, etc.) et la modernisation des infrastructures énergétiques sont des aspects clés de cette évolution.

Quels sont les 3 piliers et fondements de la transition énergétique ?

La transition énergétique repose sur trois grands piliers qui interagissent et se renforcent mutuellement :

  1. La sobriété énergétique : Ce premier pilier est basé sur la réduction de la consommation d’énergie, en modifiant nos comportements et nos modes de vie. Cela inclut des changements dans les pratiques quotidiennes, comme privilégier les transports en commun ou réduire la température dans les habitations. C’est une démarche qui va au-delà des technologies et qui fait appel à une prise de conscience collective.
  2. L’efficacité énergétique : L’amélioration de l’efficacité énergétique vise à réduire la consommation d’énergie pour réaliser le même service. Cela inclut des actions comme l’amélioration de l’isolation des bâtiments, la modernisation des équipements industriels, et l’optimisation des réseaux de transport d’énergie. L’objectif est d’utiliser moins d’énergie pour accomplir des tâches équivalentes, ce qui permet non seulement de réduire les coûts énergétiques mais aussi d’alléger la pression sur les ressources naturelles.
  3. La décarbonation de la production d’énergie : Ce dernier pilier consiste à remplacer les sources d’énergie fossile (comme le charbon, le gaz et le pétrole) par des sources d’énergie renouvelables et bas carbone, telles que l’éolien, le solaire, la géothermie ou encore l’hydraulique. L’objectif est de réduire la quantité de CO2 émise lors de la production d’énergie.

Qui sont les acteurs de la transition énergétique ?

La transition énergétique ne peut réussir que si elle mobilise l’ensemble des forces en présence. Elle repose sur une dynamique collective, dans laquelle chaque catégorie d’acteurs joue un rôle spécifique et complémentaire. Du citoyen au grand groupe industriel, en passant par les services publics et les collectivités locales, tous participent à transformer en profondeur notre modèle énergétique.

Les particuliers : premiers maillons du changement énergétique

Chaque geste du quotidien, aussi simple soit-il, peut contribuer à réduire l’empreinte énergétique. En isolant leur logement, en optant pour des équipements moins énergivores, en réduisant leurs trajets en voiture ou en privilégiant des modes de consommation plus sobres, les citoyens participent activement à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. 

Au-delà des gestes individuels, les particuliers sont aussi de plus en plus nombreux à s’impliquer dans des démarches collectives : habitat partagé, achat groupé d’énergie verte, communautés énergétiques locales… autant d’initiatives qui ancrent la transition dans les territoires.

L’État et les services publics : un rôle moteur

L’État joue un rôle central, à la fois comme régulateur, financeur et accompagnateur. C’est lui qui fixe les grandes orientations par le biais de lois et de stratégies nationales, comme la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) ou la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE)

Il soutient les projets via des dispositifs comme MaPrimeRénov’, le Fonds Chaleur, ou encore les certificats d’économie d’énergie (CEE), et d’autres dispositifs évoqués plus bas.

 Les collectivités locales, les agences publiques (comme l’ADEME) et les opérateurs du service public de l’énergie (Enedis, GRDF) jouent également un rôle essentiel dans le déploiement des infrastructures et l’accompagnement de la transition sur le terrain.

Les acteurs privés et le monde de l’entreprise : leviers d’innovation et de déploiement

Les entreprises, quels que soient leur taille ou leur secteur, sont au cœur du défi énergétique. Elles innovent pour développer des solutions moins carbonées, adapter leurs modèles économiques et repenser leurs chaînes de valeur.

L’industrie investit dans l’efficacité énergétique, les bâtiments tertiaires réduisent leur consommation via des audits et des plans d’action, et les start-ups de la « clean tech » proposent des alternatives disruptives. 

Les acteurs du secteur financier ne sont pas en reste : en réorientant les investissements vers des projets durables, ils jouent un rôle de catalyseur.

Enfin, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) devient un levier stratégique pour intégrer les enjeux climatiques dans les décisions quotidiennes.

Quel est l’objectif de la transition énergétique ?

L’objectif fondamental de la transition énergétique est de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour limiter l’impact du réchauffement climatique et respecter les engagements internationaux de réduction des émissions. Cela passe par une transformation des systèmes de production et de consommation d’énergie, afin d’atteindre un équilibre entre la satisfaction des besoins énergétiques des populations et la préservation de l’environnement.

Au-delà de l’enjeu environnemental, la transition énergétique vise également à renforcer la sécurité énergétique en diversifiant les sources d’approvisionnement et en réduisant la dépendance aux énergies fossiles, dont les prix sont volatiles et influencés par des facteurs géopolitiques. Enfin, l’objectif est d’encourager la création d’emplois dans les secteurs liés aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique et à la gestion des ressources, contribuant ainsi à une économie plus verte et plus durable.

Les outils et dispositifs de la transition énergétique 

MaPrimeRénov’

Dispositif central pour la rénovation énergétique des logements, MaPrimeRénov’ est une aide de l’État, gérée par l’ANAH (Agence nationale de l’habitat). Elle finance les travaux d’isolation, de chauffage, de ventilation ou d’audit énergétique. Elle est accessible à tous les propriétaires, sans condition de revenus, avec des montants modulés selon les ressources et les gains énergétiques réalisés.

Exemple : Un propriétaire occupant peut recevoir jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour remplacer sa chaudière au fioul par une pompe à chaleur.

Certificats d’Économies d’Énergie (CEE)

Les CEE obligent les fournisseurs d’énergie à inciter leurs clients à réduire leur consommation, sous peine de pénalités. En échange, les entreprises ou particuliers qui réalisent des travaux d’économies d’énergie peuvent recevoir des primes, financées par ces fournisseurs.

Exemple : Isolation des combles à 1€, remplacement de fenêtres, mise en place d’un thermostat intelligent.

Audit énergétique

C’est un outil de diagnostic qui permet d’identifier les sources de déperdition énergétique dans un bâtiment ou une installation industrielle, et de proposer un plan de travaux pour y remédier.

Il est obligatoire dans certains cas : vente de logements classés F ou G, grandes entreprises, bâtiments tertiaires, etc.

Dispositif Éco-Énergie Tertiaire (Loi ÉLAN)

Appelé aussi « décret tertiaire« , ce dispositif impose aux bâtiments à usage tertiaire (bureaux, commerces, écoles, hôtels, etc.) de réduire leur consommation d’énergie finale de :

  • 40 % d’ici 2030,
  • 50 % d’ici 2040,
  • 60 % d’ici 2050.

Les données de consommation doivent être remontées chaque année via la plateforme OPERAT de l’ADEME.

Les réductions de consommations passent notamment par la gestion de l’occupation des bâtiments.

Plan France Relance et France 2030

Ces deux grands plans d’investissement public soutiennent la transition énergétique à l’échelle nationale :

  • France Relance (2020) finance la rénovation énergétique des bâtiments publics, le soutien aux filières vertes, etc.
  • France 2030 (lancé en 2021) cible les technologies d’avenir : hydrogène vert, nucléaire de nouvelle génération, véhicules électriques, batteries, etc.

Soutien aux énergies renouvelables

Différents mécanismes sont mis en place pour encourager le développement des énergies renouvelables :

  • Tarifs d’achat garantis pour les producteurs d’électricité photovoltaïque ou éolienne.
  • Appels d’offres CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) pour sélectionner des projets compétitifs.
  • Prime à l’autoconsommation pour les particuliers ou entreprises qui consomment leur propre énergie solaire.

Contrats de performance énergétique (CPE)

Ce sont des contrats entre un maître d’ouvrage (collectivité, bailleur, entreprise) et un opérateur énergétique. L’opérateur s’engage à atteindre un certain niveau d’économies d’énergie, et ses revenus peuvent être partiellement conditionnés à l’atteinte des résultats.

Formations et certifications

Former les professionnels de la construction, du bâtiment, de l’énergie ou de l’industrie est un levier essentiel. Des dispositifs comme :

L’Accompagnement par les guichets France Rénov’

Ces guichets uniques permettent aux particuliers d’être accompagnés gratuitement par des conseillers experts pour comprendre leurs droits, les aides disponibles et le parcours de travaux à engager. Ils sont présents dans chaque département et souvent hébergés dans les Maisons de l’Habitat ou espaces France Services.

Les Outils numériques et plateformes de suivi

  • OPERAT (ADEME) pour les bâtiments tertiaires.
  • OSCAR (outil de simulation pour les collectivités) pour planifier la transition énergétique territoriale.
  • BAOBA (base de données de bâtiments types) utilisée dans les audits énergétiques.

Pourquoi faut-il faire, enclencher une transition énergétique ?

La nécessité de la transition énergétique réside dans plusieurs facteurs impérieux, principalement le réchauffement climatique. Le recours massif aux énergies fossiles a conduit à une augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, responsable de l’élévation des températures mondiales

Cela engendre des phénomènes climatiques extrêmes, tels que des vagues de chaleur, des inondations, des sécheresses et des événements météorologiques de plus en plus fréquents.

En parallèle, les réserves d’énergies fossiles sont limitées et leur extraction engendre de nombreuses conséquences néfastes, tant sur le plan environnemental (pollution des sols, destruction des écosystèmes) qu’économique (fluctuations des prix, dépendance à l’importation).

La transition énergétique est donc un moyen de garantir un avenir énergétique durable, en se basant sur des ressources renouvelables et en modernisant les infrastructures pour une meilleure gestion de l’énergie.

Cette transition est également un vecteur de justice sociale, en contribuant à l’égalité d’accès à l’énergie et à la réduction de la précarité énergétique, tout en créant de nouveaux emplois dans les secteurs verts.

La logique de la transition énergétique

La logique de la transition énergétique repose sur un changement de paradigme dans la manière dont nous produisons, consommons et partageons l’énergie. Elle part du principe que la recherche de l’efficacité énergétique, le recours aux énergies renouvelables et la réduction de notre consommation d’énergie sont des leviers nécessaires pour créer un système énergétique plus respectueux de l’environnement.

Ce processus nécessite un ensemble de réformes et d’innovations techniques, politiques et économiques. D’une part, les politiques publiques sont essentielles pour encadrer et inciter à l’adoption de pratiques énergétiques durables, comme la mise en place de régulations strictes, de normes, d’aides fiscales et de subventions.

D’autre part, les entreprises et les citoyens ont un rôle à jouer en adoptant des comportements plus responsables, en réduisant leur consommation d’énergie et en investissant dans des technologies plus vertes.

Les notions proches à la transition énergétique

Plusieurs notions sont également essentielles pour mieux comprendre la transition énergétique. Elles sont souvent abordées en complément de la transition proprement dite, afin d’assurer une meilleure intégration des nouvelles pratiques et technologies dans notre quotidien.

  1. La gestion de la demande énergétique (GDE) : La GDE consiste à gérer la demande d’énergie pour éviter les pics de consommation et limiter les besoins énergétiques. Cela passe par des solutions comme la tarification dynamique ou la gestion de l’énergie à distance.
  2. La transition juste : Il s’agit d’un principe qui garantit que la transition énergétique soit équitable et qu’aucune communauté, en particulier les plus vulnérables, ne soit laissée pour compte. Cela inclut des actions visant à réduire la précarité énergétique et à assurer une reconversion professionnelle pour les travailleurs des secteurs en déclin (charbon, pétrole).
  3. L’économie circulaire : Ce concept complète la transition énergétique en intégrant la gestion des ressources naturelles, des déchets et des matières premières dans une logique de réduction, de réutilisation et de recyclage.

La transition énergétique, par sa complexité et ses enjeux à multiples facettes, est un processus indispensable pour garantir un avenir durable pour les générations futures.

Elle repose sur l’engagement collectif de toutes les parties prenantes, et nécessite une vision à long terme, une volonté politique forte et une participation active des citoyens.