
À propos de l’auteur
Vincent Constant
Ingénieur en Transition Énergétique
Directeur Général – ENOV
La transition énergétique transforme en profondeur les besoins du secteur. Concevoir des systèmes performants, intégrer les énergies renouvelables, améliorer l’existant : l’ingénieur énergie devient un acteur clé de cette évolution. Cette fiche métier détaille les missions de ce métier technique et engagé. Mais aussi les parcours pour y accéder et les perspectives d’évolution dans un domaine en forte croissance.
Longtemps, la performance énergétique s’est jouée sur les matériaux, l’isolation ou la conception des bâtiments. Mais aujourd’hui, les attentes ont changé. Réduire les consommations, produire autrement, valoriser les énergies renouvelables, maîtriser l’empreinte carbone. Tout cela nécessite des compétences bien plus transversales.
L’ingénieur énergie intervient à chaque étape du cycle de vie des équipements ou des bâtiments. Il conçoit des solutions techniques, pilote des projets complexes et veille à optimiser chaque kilowattheure. Son rôle est essentiel dans la transformation énergétique des entreprises, des collectivités ou des sites industriels.
Comment accède-t-on au métier d’Ingénieur énergie ? Et que peut-on en attendre, concrètement, en termes de formation, de responsabilités… et de rémunération ?
Sommaire de l’article :
Études : Comment devenir Ingénieur énergie ?
Le métier d’ingénieur énergie demande une solide base scientifique. Complétée par une spécialisation progressive dans les systèmes énergétiques, les technologies durables et la gestion de projet. Plusieurs voies sont possibles, selon le parcours et les objectifs professionnels.
Voici les étapes possibles pour accéder à ce métier :
- Bac scientifique ou technologique (STI2D) : spécialités en maths, physique-chimie ou sciences de l’ingénieur, avec un bon socle technique. La série STI2D permet d’aborder très tôt les enjeux liés à l’énergie et à l’environnement.
- BTS ou BUT : formations comme le BTS Fluides Énergies Domotique (FED) ou le BUT Génie Thermique et Énergie. Elles offrent une première approche technique et concrète du secteur, souvent avec de l’alternance.
- École d’ingénieur (énergie, bâtiment, environnement) : ce parcours donne une vision globale des systèmes énergétiques. Les spécialisations en dernière année permettent de se concentrer sur la performance énergétique, la thermique du bâtiment ou les énergies renouvelables.
- Masters spécialisés (bac +5) : en université ou en école d’ingénieurs, les masters en « Énergétique », « Transition énergétique », ou « Énergies renouvelables » ouvrent à des postes à responsabilité, en conception ou en pilotage de projets.
- Mastère ENOV : le Mastère Transition Énergétique et Digitale des Bâtiments forme des ingénieurs capables de maîtriser les outils numériques, les enjeux de la transition, et la gestion opérationnelle de projets énergétiques.
- Formations continues ou titres RNCP : Les formations professionnelles de l’ENOV sont adaptées à tous les niveaux, à destination des professionnels ou profils en reconversion. Des parcours certifiants permettent de se spécialiser et de progresser en maîtrise de l’énergie, notamment sur l’audit, la réglementation ou la performance énergétique.
- Compétences transversales à développer : maîtrise des outils de simulation (Pleiades, ClimaWin…), bonnes connaissances réglementaires (RE2020, décret tertiaire). Capacité à travailler en mode projet, à gérer un budget et à communiquer avec des équipes pluridisciplinaires.

Les 4 grands rôles de l’Ingénieur énergie
Le métier d’ingénieur énergie s’organise autour de quatre grandes fonctions. La conception, la conduite de projet, l’optimisation technique et la veille stratégique. Ces rôles structurent son action au quotidien, en lien avec la transition énergétique.
- Concevoir des solutions performantes
L’ingénieur étudie les besoins, simule les consommations et dimensionne les équipements. Il conçoit des systèmes durables, adaptés aux usages et aux contraintes du terrain. - Piloter les projets de transition énergétique
Il coordonne les travaux, suit les chantiers, et s’assure du respect des délais et des budgets. Il intervient de la phase d’étude à la mise en service des installations. - Améliorer la performance énergétique des systèmes
Il réalise des audits, suit les consommations, ajuste les réglages et propose des actions correctives pour optimiser les résultats dans la durée. - Assurer une veille technologique et réglementaire
Il suit l’évolution des normes, teste de nouvelles solutions, et maîtrise les labels environnementaux. Dans le but de garantir des projets à jour et à forte valeur ajoutée.
Les missions principales de l’Ingénieur énergie
L’ingénieur énergie travaille à la croisée de la technique, de la performance et du pilotage de projet. Il intervient à toutes les étapes, de l’étude à l’exploitation, avec une approche concrète et rigoureuse.
Voici les principales missions qu’il prend en charge :
- Réaliser des audits énergétiques
Il dresse un état des lieux des consommations et identifie les postes les plus énergivores, à l’aide de mesures, d’analyses et d’outils de diagnostic.
- Proposer des solutions techniques
Chauffage, ventilation, climatisation, énergies renouvelables… Il conçoit des systèmes adaptés, fiables et économes, selon les besoins du projet.
- Conduire des projets d’amélioration énergétique
Il planifie les interventions, suit les chantiers et coordonne les parties prenantes pour atteindre les objectifs fixés.
- Gérer les appels d’offres et les prestataires
Il rédige les cahiers des charges, analyse les propositions techniques et veille au bon déroulement des marchés.
- Utiliser des outils de simulation
Grâce à des logiciels de modélisation, il teste différents scénarios et optimise le comportement énergétique des bâtiments.
- Suivre les performances dans le temps
Il contrôle les consommations, détecte les écarts, ajuste les réglages et met en place des actions correctives si nécessaire.
- Produire des rapports et bilans énergétiques
Il documente l’ensemble des actions menées, rédige des rapports techniques et structure les indicateurs de performance.
- Collaborer avec des équipes pluridisciplinaires
Il travaille avec des architectes, techniciens, maîtres d’ouvrage et exploitants pour intégrer l’énergie au cœur des projets.

Les normes, labels et réglementations à maîtriser
L’ingénieur énergie n’intervient jamais dans un vide réglementaire. Ses projets s’inscrivent dans un cadre normatif exigeant, qui évolue régulièrement. Il doit s’appuyer sur des référentiels précis pour garantir la conformité des installations. Mais aussi anticiper les obligations légales et proposer des solutions compatibles avec les standards de qualité environnementale.
Voici les principaux textes et labels qu’il doit connaître et savoir mobiliser :
RE2020
La réglementation environnementale 2020, dite RE2020, s’applique à tous les bâtiments neufs. Elle impose des exigences élevées en matière de performance énergétique, de confort d’été et d’impact carbone sur l’ensemble du cycle de vie. L’ingénieur énergie doit la maîtriser pour concevoir des bâtiments plus sobres et plus durables. Le tout en intégrant des matériaux bas carbone et des solutions techniques performantes.
ISO 50001
Cette norme définit les exigences pour mettre en place un système de management de l’énergie dans une entreprise ou une organisation. Elle repose sur une logique d’amélioration continue. L’ingénieur énergie peut l’utiliser comme cadre méthodologique pour structurer les actions, suivre les performances et optimiser les consommations dans le temps. Elle est très utilisée dans l’industrie et les grandes entreprises tertiaires.
ISO 14001
La norme ISO 14001 concerne le management environnemental. Elle est complémentaire de la norme ISO 50001, mais son périmètre est plus large. Elle permet d’intégrer l’énergie dans une stratégie globale de réduction des impacts environnementaux. L’ingénieur énergie peut s’y référer lorsqu’il travaille sur des projets impliquant la gestion des déchets, la qualité de l’air ou la maîtrise des émissions.
NF EN 16247
Ce texte encadre la méthodologie des audits énergétiques. Il précise les étapes, les outils, les livrables attendus. Il s’impose notamment aux grandes entreprises, qui doivent réaliser des audits réguliers pour identifier leurs gisements d’économie. Pour l’ingénieur énergie, cette norme est un repère essentiel, notamment lorsqu’il intervient dans des missions de diagnostic ou de conseil.
Décret tertiaire
Le décret tertiaire impose aux bâtiments de plus de 1 000 m² une réduction progressive de leur consommation d’énergie. Les objectifs sont fixés à l’horizon 2030, 2040 et 2050. Le suivi est obligatoire via la plateforme OPERAT. L’ingénieur énergie doit accompagner ses clients ou son entreprise dans la définition d’une feuille de route réaliste, le choix des actions prioritaires, et le suivi des indicateurs.
HQE, BREEAM, LEED
Ces trois labels de construction durable sont largement utilisés dans les projets à haute performance environnementale. HQE est le plus répandu en France. BREEAM et LEED sont souvent utilisés à l’international. L’ingénieur énergie doit comprendre les exigences associées à chacun de ces référentiels, notamment sur les aspects liés à l’énergie, à la qualité de l’air, au confort thermique ou à l’impact carbone. Ils peuvent être un atout pour valoriser les projets auprès des clients ou des investisseurs.
Quel salaire pour un ingénieur énergie, junior et senior ?
La rémunération d’un ingénieur énergie varie selon plusieurs critères. L’expérience, le secteur d’activité, la taille de l’entreprise, ou encore la localisation géographique. Le niveau de spécialisation, la maîtrise de certains outils ou la capacité à gérer des projets complexes peuvent aussi faire évoluer le salaire.
Voici les grandes tendances observées selon les niveaux d’expérience :
Débutant (0 à 3 ans d’expérience)
Fourchette salariale : entre 32 000 € et 42 000 € brut annuels.
Type de structures : bureaux d’études, entreprises de services énergétiques ou grands groupes.
À ce stade, l’ingénieur énergie occupe souvent un premier poste où il participe à la conception de projets, assiste des ingénieurs plus expérimentés et développe progressivement ses compétences, tant techniques que relationnelles.
Confirmé (3 à 7 ans d’expérience)
Fourchette salariale : entre 42 000 € et 50 000 € brut annuels.
À ce niveau, l’ingénieur énergie devient autonome sur ses projets. Il peut piloter des chantiers, suivre plusieurs sites en parallèle ou gérer un portefeuille de clients dans des contextes variés.
Il intervient également dans la rédaction de dossiers techniques, le conseil énergétique, ou la réponse à des appels d’offres, avec une maîtrise croissante des outils, des normes et des enjeux du secteur.
Senior (plus de 7 ans d’expérience)
Salaire : jusqu’à 60 000 € à 75 000 € brut annuels, voire davantage dans les grandes structures ou à l’international.
Le rôle prend alors une dimension plus stratégique. L’ingénieur énergie peut encadrer une équipe, élaborer une stratégie énergétique à l’échelle d’un groupe, ou rejoindre une direction technique. Il participe à la définition des politiques énergétiques, à la coordination de projets multisites et à la mise en œuvre de démarches RSE ou environnementales au sein de l’entreprise.
Des facteurs d’évolution à ne pas négliger
La rémunération peut varier en fonction du domaine d’activité. Les ingénieurs travaillant dans l’industrie ou dans le conseil peuvent bénéficier de primes de performance, de bonus projet ou de conditions plus attractives. La mobilité géographique, la maîtrise de certifications (comme ISO 50001 ou HQE) ou l’expérience à l’étranger sont également des leviers intéressants pour accélérer sa progression.
Avec le temps, un ingénieur énergie peut évoluer vers des postes de chef de projet, d’energy manager, de responsable RSE. Voire même rejoindre la direction technique d’une entreprise. Certains choisissent aussi de se spécialiser davantage ou de s’orienter vers l’innovation ou la recherche.
Alors envie de s’épanouir en tant qu’ingénieur énergie ?