Le Low-Tech dans la transition énergétique

Le Low-Tech définit des objets, techniques, services, savoir-faire, modes de vie ou courants de pensée répondant à des principes de simplicité, de robustesse et de résilience. Il se caractérise par trois grands principes. Il convient donc d’analyser si la transition énergétique des bâtiments au service de la décarbonation de notre économie est portée de la…

header transition énergétique low tech

À propos de l’auteur

Xavier Maronneaud
Ingénieur d’exploitation en alternance chez ENGIE Solutions
Élève à l’ENOV en Mastère TED.

Pour espérer maintenir notre planète à +2°C en 2050, l’humanité doit opérer une transition énergétique inédite par son ampleur et sa rapidité.

D’un côté, le High-Tech préconise une dépendance accrue aux avancées technologiques, comptant sur l’innovation pour apporter des solutions sans remise en question profonde de nos modes de vie. Cette approche, appelée techno-solutionnisme, mise sur le développement massif des énergies renouvelables, des réseaux intelligents et du stockage d’énergie à grande échelle.

De l’autre, un courant plus sobre émerge, affirmant que l’innovation seule ne suffira pas. Il plaide pour une approche centrée sur la sobriété énergétique et une réduction volontaire de notre consommation. C’est dans cette vision que s’inscrit le Low-Tech, qui prône des solutions simples, robustes et accessibles, à même de répondre aux besoins fondamentaux tout en minimisant l’empreinte écologique.

Sommaire de l’article :

La transition énergétique : une transition nécessaire et inédite

La transition énergétique vise à transformer notre système énergétique – de la production à la consommation – afin de réduire son impact environnemental. L’association NegaWatt a développé une démarche reposant sur trois piliers fondamentaux :

  • La sobriété : réduire les besoins en énergie en repensant nos usages et nos comportements.
  • L’efficacité énergétique : optimiser les technologies pour limiter les pertes et améliorer le rendement des équipements.
  • Les énergies renouvelables : développer des sources d’énergie propres et durables.

Dans ce contexte, le Low-Tech se présente comme une alternative réaliste pour opérer cette transition tout en prenant en compte les ressources finies de notre planète.

Quelle est la définition de la Low Tech, qu’est ce que la philosophie, la démarche Low Tech ?

Le Low-Tech définit des objets, techniques, services, savoir-faire, modes de vie ou courants de pensée répondant à des principes de simplicité, de robustesse et de résilience. Il se caractérise par trois grands principes.

  • Son utilité, comme réponse à un besoin réel et fondamental (se nourrir, se chauffer, se déplacer, …).
  • Son accessibilité, par son coût, son mode d’utilisation, de fabrication et de réparation qui ne doivent pas constituer un frein à son adoption.
  • Sa durabilité, depuis sa conception (être réparable et démontable) à sa fin de vie (être recyclable), en favorisant l’utilisation de matériaux biosourcés.

Philippe Bihouix, auteur du livre L’âge des low-tech (2014), plaide pour « inventer ou réinventer des technologies durables, sobres et résilientes, des low-tech par opposition aux high-tech trop gourmandes. Il ne s’agit pas de s’opposer systématiquement au progrès ou à l’innovation, mais de les orienter vers l’économie de matière ». 

Qu’est-ce qu’une invention low tech, en 3 critères ?

Une invention Low-Tech doit répondre à trois critères majeurs :

  • Une conception simple et robuste : elle doit être facilement utilisable sur le long terme, sans nécessiter de technologie complexe ou fragile. Par exemple, les cuisinières solaires paraboliques, qui utilisent la concentration des rayons du soleil pour chauffer des aliments, sont simples à construire, fonctionnent sans électricité et durent plusieurs années sans maintenance importante.
  • Un impact écologique réduit : les matériaux utilisés doivent être naturels, recyclables ou issus d’une filière durable, limitant ainsi l’empreinte carbone. Les toilettes sèches, par exemple, permettent d’économiser des milliers de litres d’eau potable par an tout en générant un compost utile pour l’agriculture. Les réfrigérateurs en pot de terre, aussi appelés « zeer pots », utilisent l’évaporation de l’eau pour conserver les aliments au frais sans électricité. Ce système est largement employé dans les régions chaudes et arides.
  • Une production locale et décentralisée : les solutions doivent être reproductibles à petite échelle, favorisant l’autonomie des utilisateurs et réduisant la dépendance aux circuits industriels mondialisés. Un bon exemple est la construction en terre crue, qui utilise des matériaux locaux abondants et facilement manipulables pour ériger des bâtiments thermiquement performants et durables. Les fours solaires en carton et aluminium permettent de cuire des aliments uniquement avec l’énergie du soleil. Ils peuvent être fabriqués à partir de matériaux de récupération et sont utilisés dans des zones où l’accès au gaz ou à l’électricité est limité.

A échelle d’une invention, il est possible d’être très créatif et d’exploiter les potentiels de nombreux facteurs, matières et éléments.

A échelle d’une innovation, il est essentiel que l’invention soit scalable, que l’on puisse la mettre à échelle. Un enjeu particulièrement important dans la transition énergétique des bâtiments, un secteur très encadré.

Comment devenir low tech dans le bâtiment ?

Le secteur du bâtiment est l’un des plus énergivores. Il représente une part importante de la consommation d’énergie mondiale, notamment en chauffage, climatisation et production d’eau chaude sanitaire. Adopter une approche Low-Tech dans ce domaine est une opportunité majeure pour réduire notre impact environnemental tout en gagnant en autonomie.

Cette transition repose sur des solutions concrètes, inspirées des principes NegaWatt, qui permettent d’améliorer la sobriété, l’efficacité énergétique et l’intégration des énergies renouvelables dans nos constructions.

La Sobriété : optimiser l’existant

La priorité est d’adapter les bâtiments en limitant la consommation d’énergie. L’isolation thermique performante, la ventilation naturelle ou encore l’usage de matériaux biosourcés permettent de réduire les besoins en chauffage et climatisation sans technologie complexe.

L’efficacité, des solutions simples, sobres et performantes ! 

Côté efficacité, notons que l’application de peinture réfléchissante sur toiture est un moyen simple de réduire les besoins en climatisation l’été dans certains cas. La solution COOLROOF annonce une économie d’énergie allant de 20 à 50 % sur la climatisation grâce à et une baisse de 6°C de la température moyenne dans le bâtiment.

Le rafraîchisseur adiabatique est une alternative Low-Tech à la climatisation. Il utilise le phénomène d’évaporation de l’eau pour refroidir un flux d’air. Ne consommant que très peu d’eau et d’électricité, et fonctionnant sans gaz frigorigène, cette technologie offre un COP (coefficient de performance) compris entre 12 et 15 selon les conditions extérieures.

Enfin, l’usage des smartgrids peut également accompagner cette étape de gain en efficacité des systèmes en place. Une gestion plus efficace de la ressource électrique et de son stockage est aussi une méthode innovante d’optimisation de notre gestion des ressources.

Le renouvelables, vers une autonomie accrue

Concernant les renouvelables, l’éolien urbain fait figure de source d’énergie électrique équilibrée (jour/nuit, hiver/été) et à faible coût carbone. La société UNEOLE a développé une solution adaptée à des toits plats, combinant éoliennes (capable de produire jusqu’à 1500 kWh par an) et panneaux photovoltaïques.

Des panneaux solaires dits « thermiques » vont ainsi convertir cette dernière en énergie thermique pour la production d’eau chaude à destination du circuit de chauffage ou d’ECS (eau chaude sanitaire). Ils peuvent avoir un rendement de conversion de 50 à 70%.

Des capteurs solaires vont également permettre de réchauffer l’air d’un bâtiment tout en le renouvelant, offrant un rendement de conversion de 60 à 70%.

Vers des villes Low-Tech ?

Le développement des Low-Tech ne concerne pas seulement les logements individuels. Des travaux à plus grande échelle sont menés par des acteurs comme Paris&Co, qui a publié un guide Vers des villes Low-Tech. Ce document offre des pistes concrètes pour repenser l’urbanisme et intégrer la sobriété dans nos infrastructures.

Adopter le Low-Tech ne signifie pas un retour en arrière, mais une transition vers des solutions plus résilientes et accessibles. Son développement est un levier puissant pour une transition énergétique réussie et durable.

Cette courte présentation n’est qu’une introduction à la démarche et aux solutions ditesLow-Tech. Des travaux à l’échelle de la ville ont été menés par la société Paris&Co

Un guide pratique intitulé « Vers des villes Low-Tech » est disponible pour permettre d’appréhender de manière globale l’approche Low-Tech. Il donne ainsi les clés nécessaires aux différents acteurs pour contribuer efficacement à la transition énergétique.