
À propos de l’auteur
Vincent Constant
Ingénieur en Transition Énergétique
Directeur Général – ENOV
Dans le contexte de l’urgence climatique et face à l’explosion des prix de l’énergie, la maîtrise de notre consommation est devenue une problématique centrale. Les bâtiments, qui représentent une part majeure de la consommation d’énergie finale en France (près de 45 % selon une source du Ministère de la Transition Écologique en 2023) et 44 % de l’énergie en France, sont au cœur de cet enjeu.
Réduire cette consommation est un objectif national très ambitieux, visant une diminution de 50 % à l’échelle nationale d’ici 2050.
Pour atteindre ces objectifs et accompagner les acteurs (particuliers, entreprises, collectivités) vers des choix plus durables, un professionnel joue un rôle de premier plan : le diagnostiqueur énergétique.
Ce métier, technique et de terrain, est essentiel pour comprendre la performance énergétique des biens immobiliers et orienter les stratégies d’amélioration. Dans une filière en pleine mutation où technologies, méthodes et réglementations évoluent rapidement, le diagnostiqueur est le garant d’une évaluation objective et le premier conseiller sur le chemin de la rénovation énergétique.
Sommaire de l’article :
- Diagnostiqueur énergétique : Un professionnel essentiel pour la rénovation énergétique
- Quelles sont les missions du diagnostiquer énergétique, pilier de la transition ?
- Un cadre strict pour garantir l'expertise et la confiance du diagnostiqueur énergétique
- Les parcours pour devenir diagnostiqueur énergétique
- Un avenir prometteur dans un secteur en pleine croissance
Diagnostiqueur énergétique : Un professionnel essentiel pour la rénovation énergétique
Le diagnostiqueur énergétique est surtout connu pour réaliser le Diagnostic de Performance Énergétique, ou DPE. Ce diagnostic est obligatoire en France pour toute vente ou location d’un bien immobilier.
Sa mission : évaluer la performance énergétique d’un bâtiment, qu’il s’agisse d’un logement, de bureaux ou d’un site tertiaire ou industriel. Le résultat prend la forme d’une étiquette allant de A (très économe) à G (très énergivore), calculée à partir de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre du bien.

Au-delà du simple classement, l’objectif du DPE est de sensibiliser les propriétaires et locataires aux enjeux énergétiques de leur habitat, en incitant aux économies d’énergie et au recours aux énergies renouvelables. C’est un outil clé pour repérer les bâtiments les plus énergivores, appelés « passoires thermiques », soit les logements classés F ou G. On en comptait environ 5,2 millions en France en 2023, d’après l’Observatoire National de la Rénovation Énergétique.
En révélant ces faiblesses, le DPE joue un rôle décisif : il permet de déclencher des projets de rénovation énergétique pour améliorer l’efficacité des bâtiments et accélérer la transition vers un parc immobilier plus sobre et durable.
Au-delà du DPE, le diagnostiqueur immobilier peut également être amené à réaliser d’autres diagnostics réglementaires liés à l’état d’un bien immobilier, tels que le diagnostic amiante, le diagnostic plomb, le diagnostic gaz ou électricité, l’état des risques et pollutions (ERP), ou encore le mesurage Loi Carrez. Cependant, c’est bien le DPE, avec son rôle central dans l’identification des besoins de rénovation, qui positionne le diagnostiqueur énergétique comme un maillon essentiel de la chaîne de transition énergétique. En objectivant la performance, il permet de prendre des décisions éclairées pour agir efficacement.
Quelles sont les missions du diagnostiquer énergétique, pilier de la transition ?
1. Collecte et analyse de données
Les missions du diagnostiqueur énergétique sont concrètes et s’inscrivent à différentes étapes de la vie d’un bâtiment. Son travail commence souvent par une collecte minutieuse de données sur le bâti lui-même. Il examine les matériaux utilisés, la qualité de l’isolation, le type de système de chauffage et de ventilation, ou encore la surface des ouvrants vitrés. C’est un peu comme un médecin qui recueille les antécédents d’un patient pour comprendre sa constitution.
Ensuite, il analyse les consommations énergétiques réelles du bâtiment. Cela peut se faire à partir de relevés directs, de factures d’énergie, ou encore par le biais de modélisations complexes. L’étape suivante est l’évaluation de la performance énergétique globale. En combinant les données sur le bâti et l’analyse des consommations, le diagnostiqueur évalue l’efficacité du bâtiment en tenant compte de ses usages, de sa configuration spécifique et des équipements présents. C’est là qu’il attribue la fameuse note énergétique du DPE (de A à G)
2. Un conseiller précieux
Mais le rôle ne s’arrête pas à la simple évaluation. Le diagnostiqueur est également un conseiller. Sur la base de son analyse, il est capable de préconiser des travaux pertinents pour améliorer la performance énergétique. Il peut s’agir de recommandations concernant l’isolation, la ventilation, le remplacement du système de chauffage, ou l’intégration d’énergies renouvelables. Ses conseils sont essentiels pour guider les clients vers les actions les plus efficaces.
3. Rédaction de rapport
Enfin, il rédige un rapport. Ce rapport ne se contente pas de présenter la note ; il est clair, accessible et fournit les détails techniques qui justifient l’évaluation. Il a également une valeur réglementaire importante, étant juridiquement opposable en cas de vente ou de location. Ce document est la synthèse de son expertise et le point de départ de la démarche de rénovation.
Le diagnostiqueur intervient pour une clientèle variée, incluant des particuliers souhaitant vendre ou louer leur bien, des professionnels (entreprises), des bailleurs sociaux gérant un parc immobilier, ou encore des collectivités territoriales responsables de bâtiments publics. Cette diversité de clients souligne l’importance et la transversalité de son rôle dans l’ensemble du secteur du bâtiment.
Un cadre strict pour garantir l’expertise et la confiance du diagnostiqueur énergétique
Le métier de diagnostiqueur énergétique est une profession strictement encadrée par la réglementation. Cette structuration est essentielle pour garantir la qualité, l’impartialité et la fiabilité des diagnostics, renforçant ainsi la confiance des clients et assurant la justesse des évaluations réalisées. Pour exercer ce métier, une certification est obligatoire.

Cette certification est délivrée par un organisme accrédité par le COFRAC (Comité français d’accréditation), ce qui garantit l’indépendance et la compétence du certificateur. Avant de l’obtenir, plusieurs étapes sont nécessaires. Le candidat doit suivre une formation à la transition énergétique ou en diagnostic immobilier, adaptée à son profil. La durée de cette formation varie selon le niveau de connaissances initial en bâtiment et énergie : elle peut aller de quelques jours à plusieurs semaines. Les formations sont proposées en présentiel, à distance ou en format hybride.
Elles combinent des enseignements théoriques, sur les réglementations en vigueur, les différents types de bâtiments, les méthodes de calcul de consommation, les outils logiciels, avec une partie pratique indispensable, réalisée sur le terrain.
Une fois la formation achevée, le candidat doit passer un examen comportant des épreuves théoriques et pratiques. L’objectif est de vérifier non seulement ses connaissances, mais aussi sa capacité à effectuer des diagnostics conformes aux exigences réglementaires. La réussite à cet examen conditionne l’obtention de la certification.
Mais celle-ci n’est pas définitive : elle est valable 7 ans. Pour continuer à exercer au-delà, un renouvellement est obligatoire. Il passe par une formation continue ou une mise à jour des compétences, essentielle pour suivre l’évolution constante des normes, des outils et des pratiques du secteur. Ce système garantit une expertise actualisée et une qualité de service durable pour tous les clients.
Les parcours pour devenir diagnostiqueur énergétique
Devenir diagnostiqueur énergétique est accessible via différentes voies de formation, généralement à partir d’un niveau d’études équivalent au bac ou bac +2. Une base dans les domaines du bâtiment, de l’énergie, de la thermique ou de l’immobilier est souvent privilégiée.
Pour les professionnels souhaitant changer de carrière, des formations courtes spécifiquement conçues pour la reconversion existent également, avec des durées estimées entre 4 et 6 mois. Pour choisir la bonne formation, il est conseillé de vérifier que l’organisme est bien agréé par le COFRAC et de considérer les avis d’anciens participants.
Dans ce paysage de formation, des écoles spécialisées dans la maîtrise de l’énergie comme l’ENOV jouent un rôle complémentaire et essentiel. Elle propose des programmes conçus pour répondre aux enjeux actuels de réduction des consommations énergétiques et aux besoins de compétences des entreprises. L’objectif est de transmettre les connaissances techniques, les outils méthodologiques et les compétences humaines nécessaires pour agir efficacement.
ENOV propose par exemple des formations courtes accessibles à tous, axées sur l’essentiel pour découvrir le monde de l’énergie. Des programmes comme le Mastère en Transition Énergétique est particulièrement adapté pour poser les bases ou renforcer la compréhension des usages énergétiques dans les bâtiments et des axes d’optimisation. Ces connaissances fondamentales sont directement utiles pour un futur diagnostiqueur ou pour quelqu’un souhaitant mieux appréhender le contexte de son métier.
De plus, pour les diagnostiqueurs expérimentés ou ceux qui souhaitent gagner en expertise et aller plus loin, ENOV offre des formations plus poussées sur des sujets techniques pointus comme les audits énergétiques, la conception de Gestion Technique du Bâtiment (GTB), la construction de schémas directeurs (digital ou énergie-carbone), ou la maîtrise des réglementations comme le Décret Tertiaire et le Décret BACS.
Ces compétences complémentaires permettent à un professionnel de se positionner comme référent, d’ajouter une spécialisation pointue, et d’intervenir sur des problématiques de plus en plus complexes, telles que l’analyse approfondie des données de consommation ou la mise en conformité réglementaire d’un parc immobilier. C’est une manière d’aller au-delà du diagnostic de base pour proposer des solutions plus actuelles et plus complètes ou offrir des services comme des audits énergétiques avancés ou du conseil en rénovation.

Un avenir prometteur dans un secteur en pleine croissance
Le métier de diagnostiqueur énergétique n’est pas seulement important aujourd’hui, c’est aussi un métier tourné vers l’avenir. Le secteur connaît actuellement une forte dynamique, avec une demande en nette hausse et une réelle tension sur les recrutements. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. D’abord, la généralisation de la rénovation énergétique des bâtiments, indispensable pour atteindre les objectifs climatiques, nécessite de nombreux professionnels compétents, capables d’évaluer l’état initial d’un bien et de recommander des améliorations. Selon l’ADEME (Agence de la Transition Écologique), près de 700 000 rénovations performantes devront être réalisées chaque année d’ici 2030. Or, chaque rénovation commence par un diagnostic, souvent suivi d’un accompagnement.
Ensuite, la réglementation se durcit progressivement. Par exemple, dès 2025, les logements classés parmi les passoires thermiques ne pourront plus être mis en location. Ce type de mesure incite de nombreux propriétaires à faire appel à un diagnostiqueur, générant ainsi une demande durable et structurelle.
Résultat : le secteur embauche massivement. Les débouchés sont solides à long terme, avec de vraies perspectives d’évolution professionnelle. Les compétences acquises en tant que diagnostiqueur sont aussi facilement transposables pour élargir son champ d’activité.
Travailler dans ce domaine, c’est faire le choix d’un métier à impact, en contribuant concrètement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la transformation durable du parc immobilier. Ce secteur offre des parcours professionnels riches, mêlant expertise technique, sens du contact, gestion de projet et analyse de données. Les besoins en compétences sont nombreux et évolutifs, tandis que la demande pour des profils qualifiés explose, entraînant aussi une progression des niveaux de rémunération.
En somme, le diagnostiqueur énergétique occupe une place essentielle dans la transition énergétique des bâtiments. C’est un professionnel de terrain, guidé par un cadre réglementaire exigeant, chargé d’évaluer les performances énergétiques et d’orienter les occupants ou propriétaires vers les solutions les plus efficaces. C’est un métier en tension, aux débouchés solides, qui allie utilité sociale et perspectives d’évolution dans un secteur en pleine expansion et porteur de sens.
