Dispose-t-on des ressources pour mener à bien la transition énergétique ?

La transition énergétique est un concept souvent utilisé pour désigner l’abandon progressif de certaines énergies (fossiles, parfois nucléaires) conjointement au développement d’autres énergies (renouvelables), accompagné notamment par des actions d’efficacité énergétique. La réussite de cette transition énergétique en termes de ressources se caractérise notamment par son besoin en métaux rares.

Image ressources minerais
Portrait énovéenne Manon Boh

À propos de l’auteur

Manon Boh
Energy Manager chez Adviseo
Élève à l’ENOV en Mastère TED

La transition énergétique est un concept souvent utilisé pour désigner l’abandon progressif de certaines énergies (fossiles, parfois nucléaires) conjointement au développement d’autres énergies (renouvelables), accompagné notamment par des actions d’efficacité énergétique. La réussite de cette transition énergétique en termes de ressources se caractérise notamment par son besoin en métaux rares.

En effet, selon la Banque mondiale, les éoliennes, panneaux solaires et les batteries associées, indispensables à cette transition, nécessitent des quantités croissantes d’aluminium, d’argent, de cuivre, de plomb ou encore de lithium.

Sommaire de l’article :

Les ressources en question et les chiffres associés

D’après l’ONU, si le monde veut adopter pleinement les énergies renouvelables et parvenir à des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles, l’utilisation des minéraux de transition énergétique devra être multipliée par six d’ici à 2040.

Image ressources minerais

Voici un résumé des minerais les plus cruciaux, et leurs caractéristiques associées :

Lithium :

  • Usages : Batteries
  • Disponibilité : 105 millions de tonnes (seulement 1/4 économiquement exploitables)
  • Besoins d’ici 2050 (scénario 2°C) : 30% des ressources identifiées
  • Localisation : Chili, Argentine, Australie
  • Criticité : Faible

Nickel :

  • Usages : Batteries
  • Disponibilité : 350 millions de tonnes (seulement 1/4 économiquement exploitables)
  • Besoins d’ici 2050 (scénario 2°C) : 60% des ressources identifiées
  • Localisation : Indonésie (22%), Australie (21%), Brésil (17%)
  • Criticité : Moyenne

Cobalt :

  • Usages : Éoliennes, batteries
  • Disponibilité : 25 millions de tonnes
  • Besoins d’ici 2050 (scénario 2°C) : 83%
  • Localisation : Congo (51%)
  • Criticité : Haute

Cuivre :

  • Usages : Câbles électriques, véhicules, solaire PV,
  • Disponibilité : 2,1 milliards de tonnes + 3,5 milliards non découvertes
  • Besoins d’ici 2050 (scénario 2°C) : 83% des ressources identifiées – demande annuelle croissante : 27 Mt (2015) à 102 Mt (2050)
  • Localisation : Chili, Australie, Pérou, Russie
  • Criticité : Haute


Les minerais dont le niveau de criticité est le plus haut sont donc le cobalt et le cuivre. Cependant il est à noter que les niveaux de criticité des deux autres, étant considérés comme étant faible et moyen, repose sur l’efficacité technologique grandissante des techniques d’extraction (lithium), ou encore sur l’évolution d’une mobilité plus durable par exemple moins de véhicules personnels, transports en commun davantage utilisés (nickel).

Impacts liés à leur extraction

Outre la disponibilité des minerais, il est important d’avoir conscience des conséquences liées à leur extraction, qu’elles soient environnementales ou sociales.

Impacts environnementaux

La production de nickel est par exemple vecteur de déforestation, que ce soit pour l’extraction ou pour la transformation de celui-ci (exemple de l’Indonésie). Les zones au Congo où est extrait le cobalt présentent des niveaux de radioactivité importants, ainsi qu’une pollution élevée dans les rivières alentour. La production d’une batterie Tesla va émettre 7300 kg de CO2, 40% de cet impact étant directement lié à l’extraction et transformation du lithium, cobalt, nickel.

Image mine extraction minerais ouvriers

Impacts sociaux

L’extraction du cobalt engendre sur les mineurs des problèmes de santé résultant de l’exposition à des gaz chimiques, l’intensité du travail ou encore de violences. Le travail des enfants dans la filière du cuivre en RDC est notamment fréquent, la majorité d’entre eux y recourant afin de financer leurs études. Des conflits déjà existants peuvent également être alimentés par l’exploitation grandissante de ces minerais.

Pour conclure, au vu de la disponibilité limitée des minerais essentiels, il semble difficile de mener à bien la transition énergétique tout en gardant notre modèle énergétique actuel, et donc en développant une nouvelle dépendance à d’autres ressources. Outre les coûts humains et environnementaux induits par l’extraction de ceux-ci, si ces matières premières ne sont pas mieux utilisées et consommées, cette transition risque de n’être ni durable ni soutenable.

Sources :