Comment se déroule un audit énergétique ?

Face à l’urgence climatique et aux obligations croissantes en matière de performance énergétique, l’audit énergétique s’impose comme un outil stratégique. Que ce soit pour répondre à une obligation réglementaire ou pour initier une démarche volontaire de rénovation, comprendre comment se déroule un audit énergétique permet d’en mesurer toute la portée. Ce processus suit une méthode…

Audit énergétique par un auditeur
Portrait d'un membre de l'équipe ENOV, reflétant les valeurs d'engagement et de professionnalisme

À propos de l’auteur

Vincent Constant
Ingénieur en Transition Énergétique
Directeur Général – ENOV

Un processus structuré au service de la performance énergétique

Face à l’urgence climatique et aux obligations croissantes en matière de performance énergétique, l’audit énergétique s’impose comme un outil stratégique. Que ce soit pour répondre à une obligation réglementaire ou pour initier une démarche volontaire de rénovation, comprendre comment se déroule un audit énergétique permet d’en mesurer toute la portée.

Ce processus suit une méthode rigoureuse, mêlant expertise technique et approche personnalisée, afin de proposer des pistes d’amélioration concrètes, chiffrées et adaptées au bâtiment concerné.

Sommaire de l’article :

La phase de préparation : poser les bases d’un audit énergétique efficace

L’audit débute par une phase préparatoire indispensable. L’auditeur prend contact avec le propriétaire ou le gestionnaire du bâtiment afin de définir précisément le périmètre de l’étude, les attentes, les usages du bâtiment (habitation, bureaux, commerces…) et les éventuelles contraintes spécifiques.

  • Les plans du bâtiment (architecturaux et techniques) : ils permettent de visualiser la structure du bâtiment, la répartition des volumes, l’orientation, les matériaux utilisés, et les systèmes techniques installés (chauffage, ventilation, réseaux). Ces plans facilitent l’identification des zones sensibles à analyser.
  • Les factures énergétiques sur une ou plusieurs années : elles donnent un aperçu des consommations réelles, mois par mois ou année par année, et permettent de détecter les hausses inhabituelles, les pics saisonniers, ou une consommation excessive. Elles révèlent aussi les types d’énergies utilisées (électricité, gaz, fioul, etc.).
  • Les données de consommation (chauffage, électricité, gaz, fioul, etc.) : relevés détaillés par usage ou par zone, courbes de charge, données issues d’une gestion technique du bâtiment (GTB), ou enregistrements automatiques. Ces données aident à comprendre le comportement énergétique du site.
  • Les contrats d’entretien ou rapports techniques éventuels : documents concernant les systèmes énergétiques (chaudières, VMC, PAC, panneaux solaires), attestations de maintenance, bilans de performance ou de conformité. Ils permettent de vérifier l’état des équipements, leur ancienneté et leur bon fonctionnement.

L’objectif est de constituer une première vision de la performance énergétique du bâtiment et de cibler les zones à investiguer plus finement lors de l’intervention sur site.

Plan bâtiment audit énergétique

Visite sur site et relevés techniques

L’étape suivante est la visite du bâtiment. Elle permet de confronter les données théoriques à la réalité de terrain et de repérer les éléments invisibles dans les documents (fuites, mauvaise isolation, équipements vétustes…).

L’auditeur inspecte notamment :

  • L’état de l’enveloppe du bâtiment (murs, toitures, fenêtres, ponts thermiques) : il vérifie l’isolation, l’étanchéité à l’air, la présence de fissures ou de zones mal protégées, et identifie les zones sensibles aux déperditions de chaleur.
  • Les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) : leur fonctionnement, leur rendement, leur état d’entretien et leur adéquation avec les besoins réels du bâtiment sont évalués, pour repérer les sources de gaspillage.
  • Les équipements de production d’eau chaude : l’auditeur examine leur efficacité énergétique, leur fréquence d’usage et leur ancienneté, afin de juger de leur performance et des gains possibles en cas de remplacement.
  • L’éclairage et ses éventuels automatismes : il observe les types de luminaires installés (LED, fluocompacts, halogènes…), leur intensité, leur durée d’utilisation et la présence ou non de détecteurs de présence ou de variateurs.
  • La qualité de la régulation et de la gestion de l’énergie : il évalue la présence de thermostats, de programmateurs, d’automates ou de systèmes de gestion technique, qui permettent d’optimiser les consommations en temps réel.

Des mesures peuvent être effectuées : température intérieure/extérieure, hygrométrie, déperditions par caméra thermique, débit de ventilation… Ces données enrichissent considérablement l’analyse.

Audit énergétique par un auditeur

Analyse des consommations et performances, le coeur de l’audit énergétique

Après la visite, l’auditeur entame un travail de modélisation thermique et d’analyse de la consommation réelle. Cette étape cruciale permet de repérer les gisements d’économies d’énergie.

Les points analysés incluent :

  • Les usages les plus énergivores : l’auditeur identifie les postes de consommation les plus lourds (chauffage, eau chaude, ventilation, éclairage…) afin de prioriser les leviers d’action.
  • Les périodes de surconsommation : les pics inhabituels ou récurrents sont analysés, souvent liés à des usages saisonniers, des défauts de régulation ou à un fonctionnement en continu des équipements.
  • Les dysfonctionnements ou réglages inadaptés des équipements : des équipements peuvent consommer trop à cause de pannes, de mauvais paramétrages ou d’un entretien insuffisant.
  • La cohérence entre les consommations constatées et les usages déclarés : l’auditeur vérifie si les consommations relevées correspondent bien aux horaires, aux activités et à l’occupation réelle du bâtiment.

Des simulations sont souvent réalisées pour estimer les gains potentiels liés à différentes actions d’amélioration, en croisant les scénarios d’usage, de travaux, et les données climatiques locales.


Élaboration de scénarios et recommandations à la suite de l’audit énergétique

L’audit ne se limite pas à constater : il propose des solutions. L’auditeur formule des recommandations classées selon plusieurs critères :

  • Efficacité énergétique attendue : chaque solution est évaluée selon sa capacité à réduire significativement la consommation d’énergie, exprimée en kWh économisés.
  • Coût d’investissement : l’auditeur estime le budget nécessaire à la mise en œuvre de chaque mesure, incluant fournitures, main-d’œuvre et éventuelles études complémentaires.
  • Temps de retour sur investissement : les économies attendues sont rapportées au coût engagé, permettant d’identifier les actions les plus rentables à court, moyen ou long terme.
  • Faisabilité technique : certaines solutions peuvent être écartées ou adaptées si le bâtiment présente des contraintes structurelles ou techniques particulières.
  • Contraintes d’usage : l’impact des travaux sur l’activité (ex. : locaux occupés, établissements scolaires ou de santé…) ou sur l’architecture (bâtiments classés ou réglementés) est pris en compte.

Aussi, voici quelques exemples de recommandations, parmi les plus fréquents :

  • Isolation des combles ou des murs par l’extérieur : améliore nettement le confort thermique et réduit les pertes de chaleur, sans impacter les surfaces habitables.
  • Remplacement des menuiseries simple vitrage : diminue les déperditions et les infiltrations d’air, avec un impact direct sur les besoins de chauffage.
  • Modernisation du système de chauffage : passer d’une vieille chaudière fioul à une chaudière gaz à condensation ou à une pompe à chaleur permet d’optimiser les rendements et d’abaisser la facture énergétique.
  • Mise en place d’une ventilation double flux : assure un renouvellement d’air sain tout en récupérant la chaleur de l’air extrait, limitant ainsi les pertes thermiques.
  • Changement de l’éclairage vers du LED avec détecteurs de présence : réduit drastiquement la consommation liée à l’éclairage, surtout dans les zones de passage peu fréquentées (couloirs, sanitaires…).

Chaque solution est accompagnée d’un chiffrage des gains énergétiques et financiers potentiels, facilitant la prise de décision.


Rédaction et remise du rapport d’audit

Le rapport d’audit constitue le livrable final. Il reprend l’ensemble des constats, analyses et préconisations, souvent structurés en trois niveaux :

  • Un résumé exécutif : conçu pour une lecture rapide, il présente en quelques pages les grandes lignes de l’audit. On y trouve les principaux constats, les scénarios d’amélioration envisagés, les ordres de grandeur des économies d’énergie et les bénéfices attendus (économiques, environnementaux, réglementaires).
  • Une analyse technique détaillée : cette partie décrit précisément l’état initial du bâtiment, les résultats des visites, les mesures effectuées sur site, les dysfonctionnements constatés, ainsi que les points forts ou les limites du bâti existant. Elle peut inclure des plans, schémas, tableaux de consommation, relevés thermiques ou photos à l’appui.
  • Une liste chiffrée des recommandations : chaque préconisation est accompagnée d’une estimation des économies d’énergie (en kWh/an et en €), du coût d’investissement nécessaire, du temps de retour sur investissement, et des aides financières mobilisables (CEE, MaPrimeRénov’, subventions locales…). Un calendrier de mise en œuvre est souvent proposé, avec un phasage selon l’urgence ou la rentabilité des actions.
analyse des données études audit énergétique

Ce document peut servir de support dans le cadre d’une demande de financement, d’un plan de rénovation ou d’une obligation réglementaire (par exemple dans le cas de la loi Climat et Résilience ou de la loi Élan).

Accompagnement et suivi post-audit


Certaines structures vont plus loin en proposant un accompagnement dans la mise en œuvre des travaux : choix des prestataires, demandes de subventions, contrôle des performances après intervention. Ce suivi permet de s’assurer que les gains projetés sont bien atteints dans la réalité.

Dans les démarches volontaires, il est fréquent d’organiser un ré-audit à moyen terme, afin de vérifier les résultats et ajuster les stratégies énergétiques.

L’audit énergétique est bien plus qu’un diagnostic : c’est un outil d’aide à la décision, un levier pour valoriser un bâtiment, réduire sa facture énergétique et inscrire son usage dans une démarche de transition écologique

En s’appuyant sur une méthode structurée, il offre une photographie fidèle de la situation énergétique et une vision claire des améliorations possibles. Accessible, structurant et encadré par des normes, il s’adresse aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels, aux copropriétés qu’aux entreprises.