Quel pays est le champion de la transition énergétique ?

Dans le contexte actuel où les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles et où le coût global de l’énergie augmente, les médias développent régulièrement des sujets autour des énergies renouvelables ou fossiles, des émissions de gaz à effet de serre (GES), ou encore de la transition énergétique.

Drapeaux pays du monde
Portrait d'un énovéen

À propos de l’auteur

Nicolas Khoury
Chargée d’étude chez Alerteo
Élève à l’ENOV en Mastère TED

Dans le contexte actuel où les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles et où le coût global de l’énergie augmente, les médias développent régulièrement des sujets autour des énergies renouvelables ou fossiles, des émissions de gaz à effet de serre (GES), ou encore de la transition énergétique

Mais qu’entend-on par transition énergétique ? Est-ce que tous les pays suivent ce processus ? Si oui, de quelle manière ? 
L’objectif de cet article est d’explorer cette thématique en comparant les pays les plus avancés sur le sujet et en essayant d’entrevoir les défis qu’il nous reste à relever.

Sommaire de l’article :



Qu’est-ce que la transition énergétique ?

Selon le Programme de Développement des Nations Unies, la transition énergétique consiste en un changement, une transformation de la manière dont l’énergie est produite, distribuée et consommée. L’objectif de cette transition est d’abandonner les énergies fossiles au profit des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique et bois-énergie), afin de lutter contre le réchauffement climatique, la raréfaction des énergies fossiles et la précarité énergétique.

En France, les objectifs en matière de transition énergétique se sont concrétisés officiellement par la promulgation, le 17 août 2015, de la LOI n° 2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.




Pays avec le plus d'émission de CO2 en tonnes

État des lieux des pays ayant les émissions de GES les plus importantes

L’illustration suivante permet de visualiser le classement des 50 pays émettant le plus de dioxyde de carbone (CO2) en 2020. La Chine a émis la plus grande quantité de CO2 au monde. Même les États-Unis, qui se classent en deuxième position, ont émis moins de la moitié des 10,7 milliards de tonnes de CO2 émis par la Chine. En troisième et quatrième position, se trouvent respectivement l’Inde et la Russie.

On peut voir également le classement par pays en prenant en compte cette fois, les émissions liées à la consommation de biens, même s’ils ne sont pas produits sur le territoire. Le classement évolue légèrement mais les plus gros contributeurs restent inchangés


Si cette fois-ci la consommation d’énergie par habitant de chaque pays est l’élément considéré, le classement évolue et on retrouve sur le podium, l’Irlande, les Etats-Unis et le Canada. La Chine a en effet, une consommation par habitant 3 fois plus faible que celle des Etats-Unis et presque 10 fois pour l’Inde. 

Graphique sur la consommation énergétique individuelle en fonction du pays

Quels sont les pays de ce classement qui sont les plus avancés en termes de transition énergétique ? Quels sont ceux qui ont intégré les énergies renouvelables dans leur mix énergétique, et à quel niveau ? 


Quels sont les champions de la production d’énergies renouvelables ?

La Chine et l’Inde, deux des pays qui ont le plus d’impact sur le réchauffement climatique à l’heure actuelle, sont également les deux premiers producteurs d’énergies renouvelables au monde, suivis par l’Union Européenne. 

Plusieurs pays d’Asie du Sud et d’Afrique, tels que l’Inde et le Nigeria, se distinguent dans le classement du fait d’une population relativement nombreuse et d’une utilisation importante de biomasse (bois-énergie).

Les dix pays principaux producteurs d'énergies renouvelables

En s’intéressant au taux d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire de chaque pays, on constate que la Chine a un taux de seulement 10% malgré son leadership en tant que producteur.

Part des energies renouvelables dans la consommation primaire d'énergie

Les pays africains affichent une part d’énergies renouvelables dans leur consommation énergétique proche de 50 % grâce à l’utilisation du bois de chauffage, et d’une faible consommation globale. Ce score de 50% est à nuancer car le bois utilisé est rarement issu d’une gestion durable des forêts, et ne peut donc pas être considéré de manière imparable comme une énergie « renouvelable ». 

L’Union européenne est également un producteur notable d’énergies renouvelables. Voici un focus sur les pays qui la compose :

Graphique part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute

Avec 67% de l’énergie consommée d’origine renouvelable, la Suède domine le classement, suivie par la Finlande, la Lettonie et le Danemark. La France se trouve en 15ème position, et se situe en dessous de la moyenne européenne

La Suède émerge donc comme l’un des pays du monde les plus en avance dans sa transition énergétique.


Où se situe la France par rapport aux objectifs à moyen et long terme ?

Pour parvenir au seuil de 20% d’énergies renouvelables au niveau de l’UE, chaque état membre s’était fixé un objectif contraignant à atteindre en 2020, différent d’un contexte national à un autre. En reprenant le graphique ci-dessus, quasiment tous les pays ont atteint leur objectif 2020, sauf la France et l’Irlande. Certains pays sont même très en avance et ont atteint l’objectif 2030 (selon les 2 scénarios RED II et RED III).

Où en est-on par rapport à l’accord de Paris signé en 2015 par la majorité des pays du monde ?

Ce traité international sur le changement climatique a gravé dans le marbre un objectif historique : maintenir la hausse de la température moyenne mondiale en dessous des 2°C d’ici 2100 (au-dessus des niveaux préindustriels), et si possible en dessous des 1,5°C. Pour s’y tenir, des engagements précis ont été pris par les signataires.

Le trio de tête de la Transition Énergétique :  Autriche, Allemagne, Suisse

L’Autriche se classe en tête du classement, devant l’Allemagne et la Suisse. 
L’Islande, la Norvège, le Danemark et la Finlande, souvent érigés en modèles de la transition écologique, se retrouvent dans le ventre mou du palmarès.
Le positionnement du Canada et des États-Unis ne surprend, en revanche, guère (ils occupent les deux dernières places), mais le classement permet de mesurer l’énorme retard pris par ces deux poids lourds en matière de promesses. Le score américain est de loin le plus faible de tous les pays étudiés.

Pays qui respectent le plus leur engagement énergétiques suite aux accords de paris

Focus sur 10 pays vertueux sur le changement énergétique

Voici un panorama de 10 pays qui ont investi massivement dans les énergies renouvelables. Le constat est le suivant : il n’y a pas de solution unique et chaque situation révèle également une marge de progression importante pour limiter encore plus l’impact de ces pays sur le réchauffement climatique.


  1. L’Islande :
    Il s’agit du premier pays au monde en termes d’énergie produite par habitant, avec 100 % de l’énergie consommée dans le pays qui est d’origine renouvelable : éolien, solaire, hydraulique et géothermique. L’énergie hydroélectrique représente notamment près de 75 % de la production. Vient ensuite la géothermie profonde. Cependant, l’Islande est un pays qui émet beaucoup de CO2 au global. Le tourisme, ainsi que la présence d’industries lourdes dans le pays sont en partie responsables. 


  2. Le Costa Rica :
    Le pays souhaite atteindre la neutralité carbone le plus rapidement possible. Depuis 2019, le pays produit presque 100% de son électricité à partir d’énergies renouvelables : l’énergie hydraulique (75%), l’éolien (15%), le solaire, et la géothermie grâce à sa soixantaine de volcans. Le nombre croissant de véhicules thermiques en service constitue le revers de la médaille de ce bilan.


  3. La Norvège :
    En 2020, la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité était de 95 %, notamment grâce à une utilisation importante de l’énergie hydraulique. Il s’agit de l’un des meilleurs ratios d’Europe. Toutefois, il faut nuancer ce bilan très positif. En effet, la consommation d’électricité en Norvège est bien supérieure à la moyenne mondiale, notamment en raison de son très faible prix. On note également que des énergies fossiles comme le pétrole et le gaz naturel représentent encore plus de la moitié de la valeur totale des exportations du pays. La Norvège est notamment un des pays qui extrait le plus de pétrole par habitant dans le monde. Il existe donc encore une marge de progression pour réduire l’impact de ce pays sur l’environnement.


  4. La Suède :
    La Suède a pour objectif de se passer définitivement de pétrole. Pour ce faire, elle a mis en place de nombreuses infrastructures de production d’énergies renouvelables : énergie hydraulique, énergie éolienne, système de chauffage urbain alimenté par des centres de traitement des déchets, biomasse, etc. 
    Dans ce pays, la consommation d’énergie est restée stable depuis le début du siècle. Ses taux d’émission de CO2 sont également très faibles par rapport à la moyenne mondiale. Comment expliquer un tel succès ? Les énergies fossiles représentent seulement 27 % du mix énergétique suédois, et c’est également l’un des pays les plus nucléarisés au monde (énergie fortement décarbonée). 


  5. Le Nicaragua :
    En 2015, le Nicaragua a refusé de signer les accords de Paris. Opposition à la lutte contre le réchauffement climatique ? Loin de là : l’accord n’était pas assez ambitieux selon le président Daniel Ortega. Actuellement, le pays fonctionne avec 75 % d’énergies renouvelables et il a pour but d’atteindre les 97 % en 2027. La géothermie est la première ressource renouvelable du pays. Ce dernier dispose de nombreux volcans, représentant un fort potentiel pour ce mode de production d’énergie. La biomasse est aussi très utilisée, avec la valorisation de grandes quantités de bagasse, un résidu fibreux de la canne à sucre qui est issue de la production de sucre du pays.


  6. La Chine :
    La Chine est perçue par les investisseurs comme un marché porteur en termes d’énergies renouvelables. Le pays est dans une position paradoxale : il s’agit à la fois du plus gros pollueur mondial et du plus grand producteur d’énergies renouvelables.
    En Chine, décarboner l’énergie est un enjeu de santé publique. En effet, la pollution atmosphérique tue entre 750 000 et 2,2 millions d’habitants chaque année. D’où l’effort national effectué pour développer les énergies renouvelables. 


  7. Le Maroc :
    Le Maroc ne produit presque pas d’hydrocarbures et doit importer la quasi-totalité de son énergie. Pour se libérer de cette contrainte, le pays mise massivement sur les énergies renouvelables. Le pays espère compter 52 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2030 afin de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Il cherche également à répondre à la demande croissante en électricité du pays. 


  8. Le Bhoutan :
    Fait rare : le Bhoutan a un bilan carbone négatif. Oui, vous avez bien lu, ce pays absorbe plus de CO2 qu’il n’en produit. Comment est-ce possible ? Le pays, recouvert à 72 % de forêts, possède une flore très riche qui sert de puits de carbone naturels. Autre point fort : 100 % de son énergie est produite grâce aux énergies renouvelables, notamment à ses barrages. Enfin, le Bhoutan revend 70 % de l’énergie qu’il produit à l’Inde car il ne consomme pas tout ce qu’il produit. Cependant, le pays ne se repose pas sur ses lauriers et se fixe des objectifs toujours plus ambitieux. Ainsi, il souhaite rendre sa production agricole 100 % biologique


  9. L’Éthiopie :
    L’Éthiopie ne possède ni de gaz ni de pétrole sur son territoire, ce qui la pousse à miser sur les énergies renouvelables. Ainsi, 95 % de sa production d’électricité est d’origine hydroélectrique, grâce à ses nombreux barrages. L’énergie éolienne est utilisée en complément grâce au plus important parc éolien d’Afrique. En revanche, des défis importants subsistent : l’électricité est loin d’être accessible à tous les habitants et les coupures de courant sont légion. 


  10. El Hierro :
    Cette île de l’archipel des Canaries est devenue la première île au monde à être totalement autosuffisante en électricité grâce aux énergies renouvelables : elle est dotée d’une centrale électrique mixte éolienne et hydraulique, mise en service en 2014. Comment fonctionne ce type de centrale ? 
    Lorsque le vent souffle fort, ce qui est courant sur cette île, cinq éoliennes produisent suffisamment d’énergie pour aspirer de l’eau de mer qui escalade alors une pente jusqu’à un réservoir situé à 700 mètres de hauteur, dans le cratère d’un volcan. Lorsque le vent faiblit, l’eau du réservoir est relâchée sur la pente pour aller vers un réservoir situé plus bas. Ceci produit du courant électrique lorsque l’eau passe dans des turbines.

Existe-t-il un indicateur de transition énergétique ?

Il existe bel et bien un indice de transition énergétique qui évalue la performance d’un pays dans sa transition énergétique. Il évalue 115 pays en fonction de 3 aspects le développement et la croissance économiquesla durabilité environnementalela sécurité et l’accès à l’énergie. On appelle cela “l’indice de transition énergétique” (ETI). 

Les pays européens sont en tête du classement de l’indice de transition énergétique 2024 du Forum Économique Mondial. la Suède, comme souvent, arrive en tête, suivie du Danemark, de la Finlande, de la Suisse et de la France.

Les pays émergents telles que le Brésil et la Chine ont réalisé des progrès notables, alors que 83 % des pays ont régressé par rapport à l’année dernière dans au moins l’une des trois dimensions de performance des systèmes énergétiques : sécurité, équité et durabilité. 

L’écart entre les économies avancées et les économies en développement en matière de transition énergétique continue de se réduire, même si des disparités subsistent en matière d’investissements et de réglementation.



Top 20 des pays en transition énergétique

La France et la transition énergétique

Si la médaille d’or devait être décernée à un pays en particulier, la Suède ferait office de grand favori. Le développement des énergies renouvelables et décarbonées a commencé il y a de nombreuses années, mais le pays continue d’investir massivement et de fixer des objectifs toujours plus ambitieux.

Malgré la réticence de certains pays comme les Etats-Unis, de nombreux autres pays ont entamé leur transition énergétique et peuvent servir d’exemple aux autres, que ce soit parmi les pays développés ou parmi les pays en développement. 

La Chine a prévu d’avoir son pic d’émissions de GES en 2030 et vise la neutralité carbone en 2060. Étant donné les investissements réalisés par ce pays, il faut s’attendre à ce qu’elle monopolise la première place dans beaucoup de secteurs très prochainement.

La France, avec son ingénierie et son vivier de citoyens favorables à une transition énergétique dense, peut espérer accompagner la tête du mouvement dans les années à venir. Des nombreuses formations pour mener à bien la transition énergétique émergent. Plus spécifiquement à l’impact des bâtiments dans cette transition, Enov propose et accompagne à travers son Master TED (Master Transition Energétique et Digitale des Bâtiments).

Nul ne peut savoir quelle température il fera en 2050 ou en 2100 sur Terre, ou si les objectifs de transition énergétique seront atteints. En guise de conclusion, voici une citation source d’espoir de Peter Drucker, professeur et théoricien américain : 
« La meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer »